E-5986/2011 - Abteilung V - Demande d'asile présentée à l'étranger et autorisation d'entrée - Demande d'asile présentée à l'étranger et autorisa...
Karar Dilini Çevir:
E-5986/2011 - Abteilung V - Demande d'asile présentée à l'étranger et autorisation d'entrée - Demande d'asile présentée à l'étranger et autorisa...
Bundesve rwa l t ungsge r i ch t
T r i buna l   adm in i s t r a t i f   f édé ra l
T r i buna l e   ammin i s t r a t i vo   f ede ra l e
T r i buna l   adm in i s t r a t i v   f ede ra l
Cour V
E­5986/2011
A r r ê t   d u   2 2   d é c emb r e   2 0 1 1
Composition Emilia Antonioni, juge unique, 
avec l'approbation de Nina Spälti Giannakitsas, juge ;
Edouard Iselin, greffier.
Parties A._______, né le (…),
alias A._______, né en (…),
Ethiopie,
recourant,
contre
Office fédéral des migrations (ODM),
Quellenweg 6, 3003 Berne,
autorité inférieure.
Objet Demande d'asile présentée à l'étranger et autorisation 
d'entrée ; décision de l'ODM du 3 octobre 2011 / N (…).
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Faits :
A. 
A.a. Le  21 février  2011,  l'Ambassade  de  Suisse  à  Khartoum  (ci­après : 
Ambassade) a reçu un écrit de l'intéressé, daté du même jour, par lequel 
il sollicitait l'asile en Suisse. Il faisait valoir dans ce document qu'il était un 
réfugié  éthiopien  au Soudan,  où  il  vivait  avec  sa  femme,  de  nationalité 
érythréenne,  et  leurs  enfants.  Il  a  expliqué  qu'il  avait  fait  partie  du 
B._______ et avait été membre du (…), où il avait représenté la (…). Vu 
qu'il ne pouvait pas  retourner dans son Etat d'origine ni se  rendre dans 
celui  de  son  épouse,  un  comité  conjoint  composé  d'un  représentant  du 
HCR  et  du  Commissaire  aux  réfugies  de  l'Etat  soudanais  (ci­après : 
UNHCR/COR)  lui aurait  remis un document attestant qu'il  bénéficiait  de 
leur assistance, mais n'aurait par contre rien pu faire pour le protéger des 
poursuites dont il faisait l'objet jusqu'à ce jour de la part de ses ennemis ; 
même après  l'assassinat  de C._______,  le  chef  du B._______,  le HCR 
serait resté  inactif. N'ayant plus d'autre alternative pour remédier à cette 
situation  d'insécurité  et  désirant  également  échapper  à  la  pauvreté  à 
laquelle  il  était exposé au Soudan,  il  aurait décidé de  trouver  refuge en 
Suisse.
A.b. L'intéressé a joint à son écrit des copies de trois moyens de preuve 
(pièce établie  le  [date] 2000 et valable pour une durée d'un an attestant 
qu'il était membre du B._______,  lettre du UNHCR/COR du  [date] 2004 
mentionnant que lui et son épouse continuaient de bénéficier du statut de 
réfugié au Soudan et document du D._______).
B. 
En  date  du  22 août  2011,  l'ODM  a  envoyé  à  l'intéressé  un  courrier 
individualisé  où  il  l'invitait  à  répondre  de manière  précise  et  concrète  à 
une série de questions relatives notamment à ses données personnelles 
et à celles de sa famille, aux circonstances de son séjour en Ethiopie et 
de  son  départ  de  ce  pays,  à  ses  motifs  d'asile  et  à  sa  situation 
personnelle au Soudan à l'heure actuelle.
C. 
C.a. Le 14 septembre 2011, l'Ambassade a reçu un écrit du requérant où 
celui­ci  répondait  aux  questions  posées.  L'intéressé  y  a  en  particulier 
confirmé  pour  l'essentiel  les  motifs  d'asile  exposés  auparavant 
(cf. let. A.a.  de  l'état  de  fait).  Il  a  ajouté  qu'il  était  arrivé  en  (année)  au 
Soudan, où il avait ensuite eu des activités politiques en exil. En (année), 
il aurait rejoint les rangs du B._______, qui bénéficiait à cette époque du 
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soutien  ouvert  des  autorités  soudanaises,  lesquelles  auraient  incité  les 
groupes d'opposition présents sur son territoire à lutter activement contre 
le  régime  éthiopien.  La  situation  se  serait  toutefois  progressivement 
dégradée après que le Soudan et l'Ethiopie aient normalisé leurs relations 
en avril 1998,  les autorités soudanaises, qui collaboraient même parfois 
activement avec leurs homologues éthiopiens, ne s'occupant depuis  lors 
plus  correctement  des  réfugiés  politiques  et  procédant  même  à  des 
mesures  de persécution  et  d'intimidation,  en  particulier  à  l'encontre  des 
membres de son parti. Le requérant a encore mentionné qu'il ne pouvait 
pas non plus  trouver  refuge en Erythrée, pays d'origine de son épouse, 
celle­ci étant membre du E._______.
C.b. L'intéressé a notamment joint à ce courrier des copies de sa carte de 
réfugié et de celle de son épouse, de sa carte de membre du F._______ 
établie  le  (date) 1999 et valable pour une durée d'un an, de  la carte de 
membre du E._______ de son épouse et de divers documents relatifs à 
sa  situation  familiale  (certificats  de  naissance,  de  mariage  et  de 
baptême).
D. 
Par  décision du 3 octobre  2011,  notifiée  le  12 du même mois,  l'ODM a 
refusé  à  l'intéressé  l'autorisation  d'entrer  en  Suisse  et  a  rejeté  sa 
demande d'asile.  Il a considéré, en substance, qu'il pouvait être attendu 
de lui qu'il continue de séjourner au Soudan ou qu'il retourne s'installer en 
Ethiopie.  L'ODM  a  en  particulier  relevé  que  le  recourant  était  réfugié 
reconnu au Soudan, que les difficultés économiques invoquées n'étaient 
pas  pertinentes  au  sens  de  l'art. 3  de  la  loi  du  26 juin  1998  sur  l’asile 
(LAsi, RS 142.31) et qu'il pouvait séjourner dans un camp de réfugiés et 
bénéficier ainsi d'une certaine sécurité (nourriture, soins médicaux, école, 
etc.).  Dans  la  mesure  où  il  bénéficiait  dans  cet  Etat  d'une  protection 
suffisante, il pouvait être attendu de lui qu'il s'efforce d'y rester. L'ODM a 
aussi  relevé  que  les  activités  politiques  déployées  au Soudan  il  y  a  de 
nombreuses  années  ne  signifiaient  pas  qu'il  existait  actuellement  un 
quelconque risque de persécution de la part des autorités éthiopiennes et 
qu'il ne courait de ce fait pas de danger en cas de retour dans son Etat 
d'origine.  Le  fait  qu'il  soit  marié  à  une  ressortissante  de  l'Erythrée  ne 
changeait  rien  à  cette  appréciation,  vu  que  les  conditions  de  vie  des 
personnes  d'origine  érythréenne  habitant  en  Ethiopie  s'étaient  très 
sensiblement améliorées ces dernières années. L'ODM a encore  retenu 
que l'intéressé n'avait invoqué aucune attache particulière avec la Suisse.
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E. 
E.a. Par acte daté du 22 octobre 2011 et réceptionné par l'Ambassade le 
jour suivant, l'intéressé a interjeté recours contre la décision précitée. Cet 
envoi a été transmis au Tribunal administratif fédéral (ci­après : Tribunal), 
qui l'a reçu le 2 novembre 2011.
E.b.  Dans  son  mémoire,  l'intéressé  reprend,  en  substance,  les  motifs 
d'asile  exposés  précédemment  (cf. let. A.a.  et  C.a.  de  l'état  de  fait).  Il 
précise en particulier que du fait de son activité politique passée et suite 
au  décès  du  chef  du  B._______,  il  craint  pour  sa  vie,  vu  qu'il  court  le 
risque  d'être  enlevé  et  conduit  de  force  en  Ethiopie,  où  il  pourrait  être 
condamné à mort. Il fait aussi valoir que bien qu'il soit reconnu réfugié, il 
n'aurait pas droit à une place dans un des camps de réfugiés au Soudan, 
sauf s'il payait en particulier  les frais afférents à son séjour (p. ex. achat 
de  nourriture) ;  en  outre,  les  conditions  de  vie  s'y  seraient  notablement 
détériorées,  certains  d'entre  eux  étant  même  en  ruines,  le  HCR  ayant 
réduit  son  aide.  Il  avance  aussi  qu'il  est  forcé  de  vivre  dans  la 
clandestinité  et  qu'il  ne  peut  choisir  librement  son  emploi,  celui  qu'il 
occupe actuellement étant fort mal rémunéré.
E.c. L'intéressé a  joint à son mémoire de  recours des copies de quatre 
moyens  de  preuve  déjà  produits  en  procédure  de  première  instance 
(cf. let. A.b. et C.b. de l'état de fait).
F. 
Les  autres  faits  de  la  cause  seront  exposés,  si  nécessaire,  dans  les 
considérants en droit.
Droit :
1. 
1.1.  Le  Tribunal,  en  vertu  de  l’art. 31  de  la  loi  du  17 juin  2005  sur  le 
Tribunal  administratif  fédéral  (LTAF,  RS  173.32),  connaît  des  recours 
contre les décisions au sens de l’art. 5 de la loi fédérale du 20 décembre 
1968  sur  la  procédure  administrative  (PA,  RS  172.021)  prises  par  les 
autorités  mentionnées  à  l’art. 33  LTAF.  En  particulier,  les  décisions 
rendues par l’ODM concernant l’asile peuvent être contestées, par renvoi 
de  l’art. 105  LAsi,  devant  le  Tribunal,  lequel  statue  alors  définitivement, 
sauf demande d’extradition déposée par l’Etat dont le requérant cherche 
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à se protéger (art. 83 let. d ch. 1 de la loi du 17 juin 2005 sur le Tribunal 
fédéral [LTF, RS 173.110]).
1.2.  Le  Tribunal  applique  le  droit  d'office,  sans  être  lié  par  les  motifs 
invoqués  dans  le  recours  (cf. art. 62 al. 4  PA)  ni  par  l'argumentation 
juridique développée dans la décision entreprise. Il peut ainsi admettre un 
recours pour  un autre motif  que  ceux  invoqués devant  lui  ou  rejeter  un 
recours  en  adoptant  une  argumentation  différente  de  celle  de  l'autorité 
intimée  (cf. PIERRE  MOOR / ETIENNE  POLTIER,  Droit  administratif,  vol. II, 
3e éd. Berne 2011, p. 820 s.).
1.3. L'intéressé a qualité pour recourir (art. 48 al. 1 PA). Présenté dans la 
forme (art. 52 PA) et  le délai (art. 108 al. 1 LAsi) prescrits par  la  loi, son 
recours est recevable.
2. 
2.1. En  premier  lieu,  le  Tribunal  relève  que  de  nombreuses  pièces  du 
dossier ne sont pas rédigées dans l'une des quatre langues officielles de 
la Confédération (art. 33a PA et art. 70 al. 1 de la Constitution fédérale de 
la Confédération suisse du 18 avril 1999 [Cst., RS 101]).
2.2. 
En  l'occurrence,  le Tribunal, conformément à sa pratique s'agissant des 
recours  déposés  à  l'étranger,  renonce,  par  économie  des  moyens,  à 
procéder à la traduction des pièces rédigées en anglais.
2.3. 
2.3.1. Le recourant a versé au dossier des copies de moyens de preuve 
rédigés ­ en  tout ou en partie ­ dans des  langues étrangères autres que 
l'anglais, et auquel  il n'a pas  toujours  joint des  traductions. Toutefois,  le 
Tribunal renonce à écarter les pièces concernées de l'administration des 
preuves.  En  effet,  au  vu  de  la  nature  et  du  contenu  des  moyens  de 
preuve  concernés  (il  s'agit  pour  l'essentiel  de  documents  comportant  à 
tout  le moins quelques passages en anglais et des dates permettant de 
cerner  avec  suffisamment  de  précision  leur  nature)  et  des  informations 
ressortant  des  autres  pièces  du  dossier,  le  Tribunal  est  en  mesure 
d'apprécier  avec  suffisamment  de  précision  leur  portée  et  de  se 
prononcer  sur  la  vraisemblance  et/ou  la  pertinence  des  faits  qu'ils  sont 
censés établir (cf. à ce sujet consid. 5 ci­après).
2.3.2. Au vu de ce qui précède et du caractère manifestement infondé du 
présent  recours,  le Tribunal, par économie des moyens,  renonce, à  titre 
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exceptionnel, à impartir un délai au recourant pour produire d'éventuelles 
traductions,  mesure  d'instruction,  qui  selon  l'expérience  acquise  dans 
d'autres procédures de cette nature, peut durer plusieurs mois et dont le 
résultat paraît du reste fort aléatoire.
3. 
3.1. Sont des réfugiés les personnes qui, dans leur Etat d'origine ou dans 
le pays de leur dernière résidence, sont exposées à de sérieux préjudices 
ou craignent à juste titre de l'être en raison de leur race, de leur religion, 
de leur nationalité, de leur appartenance à un groupe social déterminé ou 
de  leurs  opinions  politiques.  Sont  notamment  considérées  comme  de 
sérieux préjudices la mise en danger de la vie, de l'intégrité corporelle ou 
de  la  liberté,  de  même  que  les  mesures  qui  entraînent  une  pression 
psychique insupportable (art. 3 al. 1 et 2 LAsi).
3.2.  Quiconque  demande  l’asile  (requérant)  doit  prouver  ou  du  moins 
rendre  vraisemblable  qu'il  est  un  réfugié.  La  qualité  de  réfugié  est 
vraisemblable  lorsque  l'autorité  estime  que  celle­ci  est  hautement 
probable. Ne sont pas vraisemblables notamment les allégations qui, sur 
des  points  essentiels,  ne  sont  pas  suffisamment  fondées,  qui  sont 
contradictoires,  qui  ne  correspondent  pas  aux  faits  ou  qui  reposent  de 
manière déterminante sur des moyens de preuve faux ou falsifiés (art. 7 
LAsi).
3.3. L'asile peut être refusé à une personne qui se trouve à l'étranger et 
dont on peut attendre qu'elle s'efforce d'être admise dans un autre Etat 
(art. 52 al. 2 LAsi).
4. 
4.1.  La  demande  d'asile  déposée  auprès  de  la  représentation  suisse 
(art. 19  al. 1  LAsi)  est  transmise  à  l'ODM  accompagnée  d'un  rapport 
(art. 20  al. 1  LAsi).  Celle­ci  procède,  en  règle  générale,  à  l’audition  du 
requérant d’asile ou, si cela n’est pas possible,  l'invite à  lui exposer par 
écrit  ses  motifs  d’asile  (art. 10  al. 1  et  2  de  l’ordonnance 1  du  11 août 
1999  sur  l’asile  relative  à  la  procédure  [OA 1,  RS  142.311] ;  cf. aussi 
ATAF 2007/30, p. 357 ss).
4.2. Afin d'établir les faits, l'ODM autorise le requérant à entrer en Suisse 
si celui­ci ne peut raisonnablement être astreint à rester dans son Etat de 
domicile ou de séjour ni à se  rendre dans un autre Etat  (cf. art. 20 al. 2 
LAsi).
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4.3. Si le requérant n'a pas rendu vraisemblables des persécutions (art. 3 
et 7 LAsi) ou si  l'on peut attendre de sa part qu'il  s'efforce d'être admis 
dans  un  autre Etat  (art. 52  al. 2  LAsi),  l'ODM est  légitimé  à  rendre  une 
décision matérielle négative (cf. à ce sujet Jurisprudence et  informations 
de  la  Commission  suisse  de  recours  en  matière  d'asile  [JICRA]  2005 
n° 19  consid. 3  p. 173 s. ;  JICRA  2004  n° 21  consid. 2a  p. 136 ;  JICRA 
2004 n° 20 consid. 3a p. 130 ; JICRA 1997 n° 15 consid. 2b p. 129 s.).
4.4. Les conditions permettant  l'octroi d'une autorisation d'entrée doivent 
être définies de manière restrictive, raison pour laquelle l'autorité dispose 
d'une  marge  d'appréciation  étendue  (JICRA  2005  n° 19  consid. 4.3. 
p. 174 s. ;  JICRA  2004  n° 21  consid. 2b  p. 137 ;  JICRA  2004  n° 20 
consid. 3b p. 130 ; JICRA 1997 n° 15 consid. 2d p. 130). Outre l'existence 
d'une  mise  en  danger  au  sens  de  l'art. 3  LAsi,  l'autorité  prend  en 
considération  d'autres  éléments,  notamment  l'existence  de  relations 
étroites  avec  la  Suisse  ou  avec  un  autre  pays,  l'assurance  d'une 
protection dans un Etat tiers, la possibilité pratique et l'exigibilité objective 
d'une admission dans un autre pays, en d'autres termes, la possibilité et 
l'exigence de  rechercher  une protection  ailleurs  qu'en Suisse,  ainsi  que 
les  possibilités  d'intégration  et  d'assimilation  (JICRA  2005  n° 19 
consid. 4.3. p. 174 s. ; JICRA 2004 n° 21 consid. 2b p. 137; JICRA 2004 
n° 20 consid. 3b p. 130 s. ; JICRA 1997 n° 15 consid. 2f p. 131 s.).
5. 
5.1. 
5.1.1. En l’occurrence, le Tribunal considère, à l'instar de l'ODM, qu'il peut 
être  attendu  du  recourant  qu'il  continue  résider  au  Soudan,  où  il  s'est 
installé en (année), soit il y plus de deux décennies déjà, et où lui­même 
et  son  épouse  sont  reconnus  comme  réfugiés  depuis  de  nombreuses 
années (cf. let. A.b. et C.a. in fine de l'état de fait).
5.1.2.  L'intéressé  dit  avoir  été  inquiété  au  Soudan  en  raison  de  ses 
activités politiques et  laisse entendre qu'il craint d'être enlevé et conduit 
de force en Ethiopie, allégations qui ne sauraient être retenues. Dans ce 
contexte,  il  convient  de  rappeler  que  l'opposition  éthiopienne  en  exil, 
outre quelques grandes organisations, compte aussi de nombreux partis 
de peu d'importance, dont la durée de vie est parfois fort limitée et qui, au 
vu de  leur morcellement,  ne  constituent  pas une  réelle menace pour  le 
régime  actuellement  en  place.  Or  l'intéressé,  au  vu  de  ses  propres 
propos,  des  pièces  déposées  et  des  recherches  effectuées  par  le 
Tribunal,  n'a  plus  eu  depuis  au moins  une  décennie  d'activité  politique 
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notable,  de  nature  à  susciter  un  risque  de  persécution  de  la  part  des 
autorités éthiopiennes. Il semble certes avoir temporairement occupé une 
activité de cadre au sein du B._______ il y a une dizaine d'années (cf. à 
le document "Membership Identification Paper" du (date) 2000 annexé à 
sa demande d'asile ; cf. également let. A.b. de l'état de fait). Toutefois, au 
vu  des  rares  informations  sur  ce  parti  trouvées  dans  les  sources 
publiques consultées et de l'absence totale de mention de son existence 
dans  des  rapports  d'organes  gouvernementaux  et  d'organisations  non 
gouvernementales  de  bonne  réputation,  le  Tribunal  considère  qu'il  ne 
s'agit  pas  d'un  groupement  important ;  en  outre,  ces  informations,  pour 
les  plus  récentes,  datent  de  2001,  ce  qui  permet  de  présumer  qu'il  a 
cessé  d'exister  vers  cette  époque  ou,  à  tout  le  moins,  qu'il  n'est  plus 
réellement en activité depuis  lors. Quant au parti F._______, qui a pour 
sa  part  été  dissous  en  (année),  l'intéressé  en  faisait  partie  il  y  a  plus 
d'une  décennie  (cf. la  carte  de membre  établie  le  (date)  1999)  et  il  n'a 
apparemment  pas  eu  d'activité  particulière  en  son  sein,  vu  qu'il  n'en  a 
jamais  fait  expressément  mention  dans  ses  divers  écrits  adressés  aux 
autorités  suisses  (cf. à  ce  sujet  let. A.a.,  C.a.  et  E.b.  de  l'état  de  fait). 
S'agissant  enfin  du  parti  D._______  (cf. le  document  établi  en  2006  ou 
2007 versé au dossier ; cf. let. A.b. et E.c. de l'état de fait), l'intéressé n'a 
même pas allégué y avoir adhéré. Enfin, le Tribunal relève encore que le 
décès  de  C._______  remonte  également  à  plusieurs  années.  Si 
l'intéressé avait réellement eu des contacts avec cette personne encore à 
cette époque et que  les autorités éthiopiennes  l'auraient alors considéré 
comme une menace réelle, au point de vouloir concrètement  lui nuire,  il 
aurait  sans  doute  connu  des  ennuis  à  brève  échéance.  Or,  au  vu  du 
dossier,  il  a  encore  vécu  durant  une  longue  période  au  Soudan  sans 
connaitre de problème de cette nature.
5.1.3. Le  recourant  fait  aussi  valoir  que  les membres de  l'opposition en 
exil seraient victimes de préjudices et de tracasseries diverses de la part 
des autorités soudanaises. Or, aucun indice dans le dossier ne permet de 
présumer que celles­ci, qui ont reconnu la qualité de réfugié à l'intéressé 
et  à  sa  famille  et  qui  leur  ont  accordé  un  statut  légal  stable  (cf. en 
particulier  les  copies  des  cartes  de  réfugiés  figurant  dans  le  dossier ; 
cf. let. C.b.  de  l'état  de  fait),  auraient  commis  des  actes  hostiles  à  leur 
encontre.  Rien  n'indique  non  plus  que  le  recourant  et  ses  proches 
pourraient  perdre  ce  statut  privilégié  et/ou  être  contraints  de  se  rendre 
contre  leur  gré  en  Ethiopie.  Au  vu  des  recherches  effectuées  par  le 
Tribunal,  le dernier refoulement de réfugiés dans cet Etat a eu lieu il y a 
plus de quatre ans (cf. à ce sujet  le communiqué de presse du HCR du 
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11 octobre  2007  intitulé  "UNHCR  condemns  deportation  of  Ethiopian 
refugees by Sudan").
5.1.4. Par ailleurs, aucun  indice dans  le dossier ne permet de présumer 
que  l'intéressé  pourrait  être  exposé  à  des  préjudices  déterminants  au 
sens de  l'art. 3 LAsi en  raison de son épouse. En effet,  celle­ci  n'a pas 
personnellement  invoqué  de  motifs  d'asile  propres,  malgré  l'invitation 
expresse  dans  ce  sens  figurant  dans  le  courrier  du  22 août  2011  de 
l'ODM (cf. p. 2 pt. 4a de cet écrit ; cf. également let. B de l'état de fait). En 
outre,  le  recourant  n'a  pas  fait  valoir  dans  ses  différents  courriers 
adressés aux autorités suisses qu'il pourrait connaître des problèmes au 
Soudan pour des motifs liés à la situation spécifique de sa conjointe (cf. à 
ce sujet en particulier let. C.a. in fine de l'état de fait).
5.1.5. Le  recourant  laisse  aussi  entendre  que  ses  conditions  de  vie  au 
Soudan sont difficiles. Or, même à supposer que sa situation actuelle soit 
aussi  précaire  qu'il  le  prétend  (cf. cependant  le  consid. 5.1.6  ci­après), 
force  est  de  rappeler  que  des  difficultés  de  cet  ordre,  de  nature 
économique  et  sociale,  ne  sauraient  être  considérées  comme  des 
préjudices au sens de l'art. 3 LAsi.
5.1.6.  Au  vu  de  ce  qui  précède,  on  peut  attendre  de  l'intéressé  qu'il 
continue  à  résider  avec  sa  famille  au  Soudan,  où  ils  vivent  depuis  de 
nombreuses années et bénéficient d'un statut  légal stable ainsi que d'un 
logement,  et  où  le  recourant  occupe  d'un  emploi  (cf. en  particulier  les 
informations  figurant  sur  sa  carte  de  réfugié ­ où  est  mentionnée 
notamment  son  adresse  et  l'activité  professionnelle  qu'il  exerce ­ et  sur 
celle de son épouse ; cf. aussi let. E.b. in fine de l'état de fait).
5.2. L'intéressé pouvant manifestement continuer de séjourner avec ses 
proches au Soudan, le Tribunal peut se dispenser d'examiner s'il pourrait 
aussi  être  attendu  de  lui  qu'il  retourne  s'installer  avec  eux  en  Ethiopie 
(cf. à ce sujet let. D in fine de l'état de fait).
5.3. En conclusion, l'intéressé n'a pas rendu vraisemblable qu'il existerait 
pour sa personne un risque actuel réel de sérieux préjudices au sens de 
l'art. 3  LAsi  et  n'a  pas  non  plus  fourni  des  indices  concrets  permettant 
d'admettre  qu'il  risquerait  d'être  victime  dans  un  avenir  proche  de  tels 
préjudices. Il convient dès lors de confirmer la décision attaquée tant pour 
ce qui est du refus de l'autorisation d'entrée en Suisse que du rejet de la 
demande d'asile. Partant, le recours doit être rejeté.
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6. 
Vu son caractère manifestement  infondé,  le  recours peut être  rejeté par 
voie  de  procédure  à  juge  unique  avec  l'approbation  d'un  second  juge 
(art. 111 let. e LAsi), sans échange d'écritures (art. 111a al. 1 LAsi).
7. 
Vu le caractère particulier du cas d'espèce, il convient de renoncer, à titre 
exceptionnel, à percevoir des frais de procédure (art. 63 al. 1 PA).
(dispositif page suivante)
 
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Par ces motifs, le Tribunal administratif fédéral prononce :
1. 
Le recours est rejeté.
2. 
Il est statué sans frais.
3. 
Le  présent  arrêt  est  adressé  au  recourant,  à  l’ODM  et  à  l’autorité 
cantonale compétente.
La juge unique : Le greffier :
Emilia Antonioni Edouard Iselin
Expédition :