E-3159/2011 - Abteilung V - Asile et renvoi - Asile et renvoi; décision de l'ODM du 5 mai 2011
Karar Dilini Çevir:
E-3159/2011 - Abteilung V - Asile et renvoi - Asile et renvoi; décision de l'ODM du 5 mai 2011
Bundesve rwa l t ungsge r i ch t
T r i buna l   adm in i s t r a t i f   f édé ra l
T r i buna l e   ammin i s t r a t i vo   f ede ra l e
T r i buna l   adm in i s t r a t i v   f ede ra l
Cour V
E­3159/2011
A r r ê t   d u   1 3   s e p t emb r e   2 0 1 1  
Composition Emilia Antonioni (présidente du collège), 
Markus König, Jenny de Coulon Scuntaro, juges,
Céline Longchamp, greffière.
Parties A._______, né le (…),
B._______, née le (…),
C._______, né le (…),
D._______, née le (…),
Bosnie et Herzégovine, 
recourants, 
contre
Office fédéral des migrations (ODM), 
Quellenweg 6, 3003 Berne,   
autorité inférieure. 
Objet Asile et renvoi; 
décision de l'ODM du 5 mai 2011 / N (…).
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Faits :
A. 
Le  5  octobre  2010,  A._______,  son  épouse,  B._______,  et  leurs  deux 
enfants,  ont  deposé  une  demande  d'asile  en  Suisse,  au  Centre 
d'enregistrement et de procédure (CEP) de (…). 
B. 
Entendus  au CEP  le  7  octobre  2010  puis  sur  leurs motifs  d'asile  le  20 
janvier  2011,  les  intéressés  ont  déclaré  être  des  ressortissants 
bosniaque, de confession musulmane, originaires de E._______.
Le requérant, entré dans l'armée en (année), aurait ordonné la détention 
de  (…) soldats serbes en automne  (année). Des documents de  l'armée 
serbe  auraient  disparu  de  la  base  de  F._______  à  cette  période­là. 
L'intéressé aurait quitté l'armée bosniaque en (année). 
En  2006,  l'intéressé  aurait  rencontré  un  colonel  (…)  lui  demandant  de 
collaborer  à  la  lutte  contre  les  mouvements  terroristes.  Le  chef  du 
mouvement  wahhabite  en  Bosnie,  l'ayant  appris,  aurait  menacé 
l'intéressé  au  mois  d'août  (année).  Le  requérant  aurait  également  été 
menacé  par  des  wahhabites  en  2008  et  au  mois  d'avril  ou  mai  2010 
lorsque  certains  d'entre  eux  se  seraient  installés  aux  alentours  du 
domicile familial.
A  partir  du mois  de mars  2010,  l'intéressé  aurait  commencé  à  recevoir 
des textes de menaces sur son téléphone portable, suite à la diffusion sur 
Internet d'un ou de plusieurs  films sur  l'arrestation de soldats serbes en 
(année)  et  parce  qu'une  partie  des  anciens  détenus  serbes  habitaient 
dans un rayon de 30 km de son domicile. 
Au  matin  du  (date)  2010,  la  police  de  la  République  Srpska  se  serait 
rendue chez l'intéressé et l'aurait emmené à G._______ pour l'interroger. 
Un  policier  aurait  orchestré  son  inculpation  pour  trafic  de  drogue.  Le 
requérant aurait été mis en détention préventive durant deux mois avant 
d'être  relâché  le  (date)  2010.  Les  menaces  se  seraient  ensuite 
intensifiées.
Trois semaines ou un mois plus  tard, à  (mois) 2010,  l'intéressé aurait à 
nouveau été emmené au poste de E._______ puis à G._______ pour y 
être  interrogé.  Il  aurait  été  relâché  le  jour  suivant.  Sa  voiture  aurait  été 
incendiée.
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Le  (date)  ou  le  (date)  2010,  le  commandant  de  la  police de E._______ 
aurait  reçu  une  lettre  signée  d'un  mouvement  serbes  d'extrême­droite 
(CETNIK),  mentionnant  le  nom  d'anciens  combattants  musulmans 
bosniaques durant  la guerre. L'intéressé aurait appris d'un ami que son 
nom de famille y figurait.  Il aurait continué à recevoir des textes sur son 
téléphone portable, le menaçant de mort ou de kidnapper ses enfants. 
L'intéressé se serait adressé à deux reprises à la police bosniaque sans 
succès. L'un ou l'autre des requérants aurait, dès lors, accompagné leur 
fils à l'école. A la mi­septembre 2010, le fils aurait informé les intéressés 
qu'un  homme  dans  une  voiture  s'était  arrêté  à  sa  hauteur  alors  qu'il 
revenait de l'école, lui demandant de saluer son père. Le jour même ou le 
3  octobre  2010  (selon  les  versions),  les  intéressés  auraient  quitté  leur 
pays  en  bus  jusqu'en  (…).  Ils  seraient  ensuite  montés  à  bord  d'une 
voiture,  accompagnés  d'un  passeur,  et  auraient  rejoint  deux  jours  plus 
tard la Suisse via la H._______, la I._______ et la J._______.
Les requérants ont produits :
– les passeports de leurs enfants, leurs cartes d'identité et leurs permis 
de conduire, 
– un contrat d'entrée dans l'armée professionnelle daté du (…), un livret 
militaire,  une  décision  d'octroi  de  vacances  du  (..)  au  (…)  2000  et 
différents  certificats  relatifs  à  aux  activités  de  l'intéressé  au  sein  de 
l'armée, 
– une  circulaire  du  Ministère  de  la  défense,  datée  du  (…)  2004, 
mentionnant le colonel attaché à l'Ambassade (…), 
– le procès­verbal d'une audition du (date) 2006 de l'intéressé relative à 
l'achat de médicaments à un suspect durant  la période du  (date) au 
(date), 
– une  information  de  la  Cour  du  district  de  K._______,  datée  du  (…) 
2010,  selon  laquelle  l'intéressé a  fait  l'objet  d'écoutes  téléphoniques 
du  (date)  au  (date)  dans  la  cadre  de  la  procédure  ouverte  à  son 
encontre (production et commerce non autorisé de stupéfiants),
– un  arrêt  de  la  Cour  du  district  de  K._______,  daté  du  (…)  2010, 
prononçant  la  remise en  liberté de  l'intéressé suite au  rejet de  l'acte 
d'accusation  de  participation  à  la  production  et  au  commerce  non 
autorisé de stupéfiants, pour manque de preuves,
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– un protocole de privation de liberté, délivré par le Service de police de 
E._______, daté du (…) 2010,
– une  attestation  de  libération,  délivrée  par  le  Ministère  de  l'Intérieur, 
datée du (…) 2010, 
– un courrier du 28 septembre 2010 de  l'école convoquant  le  fils pour 
absentéisme, 
– des  articles  tirés  d'Internet  sur  les  mouvements  CETNIK  et 
wahhabites.
C. 
Par  décision  du  5  mai  2011,  l'ODM  a  rejeté  la  demande  d'asile  des 
intéressés, au motif que leurs déclarations contradictoires et illogiques ne 
satisfaisaient ni aux exigences de vraisemblance posées à l'art. 7 LAsi ni 
à  celles  de  pertinence  de  l'art.  3  LAsi,  les  autorités  bosniaques  étant  à 
même de protéger leurs ressortissants contre les agissements de tierces 
personnes. L'Office  fédéral a également prononcé  leur  renvoi de Suisse 
et  a  ordonné  l'exécution  de  cette  mesure  qu'il  a  jugée  licite, 
raisonnablement exigible et possible.
D. 
Dans  leur  recours  interjeté  le  31  mai  2011  auprès  du  Tribunal 
administratif  fédéral  (ci­après  :  le  Tribunal),  les  intéressés  ont  conclu  à 
l'annulation de la décision attaquée, à la reconnaissance de la qualité de 
réfugié  et  à  l'octroi  de  l'asile,  subsidiairement  au  prononcé  d'une 
admission  provisoire  pour  illicéité  de  l'exécution  de  leur  renvoi.  Ils  ont, 
tout d'abord,  invoqué une violation du droit d'être entendu,  relevant que 
l'audition  de  l'intéressé  n'avait  pas  été  menée  de  manière  complète. 
L'intéressé n'aurait pas pu s'exprimer sur l'ensemble des faits pertinents, 
en  particulier  sur  les  conditions  très  difficiles  de  sa  détention,  et 
s'attendait  à  être  convoqué  pour  une  nouvelle  interview.  Ils  ont  ensuite 
soutenu que l'ODM n'avait mis en doute ni les engagements militaires de 
l'intéressé  ni  l'existence  de  vidéos  sur  Internet montrant  l'arrestation  de 
soldats  serbes  en  (année)  ni  l'authenticité  des  documents  produits, 
éléments  qui  constituaient  un  faisceau  d'indices  confirmant  la 
vraisemblance de leurs déclarations. Ils ont argué que les contradictions 
retenues par l'ODM étaient de peu d'importance et confirmé qu'ils avaient 
accompagnés leurs enfants à l'école et dans leurs activités extrascolaires 
après  qu'un  homme  eut  interpellé  leur  fils  pour  qu'il  transmette  des 
salutations à  son père. S'agissant  du  timbre  contenu dans  le passeport 
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de  leurs  deux enfants,  attestant  de  leur  passage de  la  frontière  (…) en 
date du (…) 2010, ils ont expliqué que la famille s'était rendue ce jour­là 
dans un centre commercial proche de la L._______ mais qu'ils avaient dû 
passer  la  frontière  en  raison  de  travaux  sur  la  route.  Ils  ont  produit  la 
copie d'une carte géographique sur laquelle figure le trajet qu'ils auraient 
effectué ce jour­là, précisant ne pas avoir été contrôlé lors de leur retour 
sur  territoire  bosniaque.  Ils  ont  également  déposé  la  télécopie  d'une 
attestation  scolaire  mentionnant  que  leur  fils  a  quitté  l'école  le  20 
septembre  2010.  Ils  ont  répété  que  la  diffusion  de  vidéos  sur  Internet 
avait  fait  resurgir  le  passé,  les  plaçant  dans  une  situation  de  pression 
psychique  ciblée  et  croissante.  L'élément  déclencheur  de  leur  départ 
serait la concrétisation des menaces reçues par le fait qu'un homme dans 
une voiture aurait demandé à leur fils de saluer son père. Ils ont précisé 
ne  pas  avoir  quitté  leur  pays  d'origine  pour  des  motifs  économiques, 
produisant  à  l'appui  différentes  photographies  de  leur  propriété.  Ils  ont 
également joint à leur recours plusieurs "sms" de menaces, datés des 10 
et 15 septembre 2010. Se sentant de plus en plus entourés de gens qui 
leur  voulaient  du  mal,  ils  auraient  quitté  le  pays  lorsque  la  pression 
psychologique serait devenue intolérable. Les recourants ont enfin argué 
que  l'exécution  de  leur  renvoi  devait  être  considérée  comme  illicite,  les 
risques de vengeance privée étant contraires à  l'art. 3 de  la Convention 
du 4 novembre 1950 de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés 
fondamentales  (CEDH,  RS  0.101)  et  constituant  une  mise  en  danger 
concrète de leur vie. Ils ont encore requis la dispense du paiement d'une 
avance  en  garantie  présumés  de  la  procédure  et  l'assistance  judiciaire 
partielle, produisant une attestation d'indigence.
E. 
Par ordonnance du 14 juin 2011, le juge instructeur du Tribunal a accusé 
réception  du  recours,  réservant  son  prononcé  sur  la  demande 
d'assistance judiciaire partielle.
F. 
Par courrier du 17 juin 2011, les recourants ont fait parvenir au Tribunal la 
copie d'une attestation, datée du 6 juin 2011, et sa traduction, confirmant 
que leur fille a fréquenté l'école jusqu'au 20 septembre 2010.
G. 
Par  décision  incidente  du  27  juillet  2011,  le  juge  instructeur  a  accordé 
l'assistance judicaire partielle aux recourants et invité l'ODM à formuler sa 
réponse.
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H. 
Par détermination du 5 août 2011, l'ODM a proposé le rejet du recours. Il 
a soutenu que les recourants ne s'étaient pas prononcés sur l'origine des 
démêlés  judiciaires  alors  que  les  documents  produits  démontraient  que 
l'intéressé avait été soupçonné d'avoir participé à un trafic de drogue de 
grande envergure, et non à cause de son appartenance ethnique, de son 
engagement  militaire  ou  de  ses  affinités  politiques,  ce  qui  ébranlait 
fortement la thèse de représailles subséquentes à la publication d'un film 
sur  Internet  sur  ses  activités  militaires.  L'Office  fédéral  a  précisé  que 
l'affaire  dans  laquelle  l'intéressé  avait  été  inculpé  avait  fait  l'objet  d'une 
action spéciale ayant permis aux forces de l'ordre du Monténégro et de la 
Fédération de Bosnie de démanteler un énorme trafic de drogue au début 
de  l'année 2011.  Il a ensuite contesté  le grief de violation du droit d'être 
entendu, précisant que l'audition détaillée de l'intéressé avait duré plus de 
dix heures.  Il  a  souligné que  les déclarations  imprécises des  intéressés 
avaient  atteint  leur  paroxysme  lorsqu'ils  s'étaient  expliqué  sur  l'élément 
déclencheur  de  leur  départ  de  leur  pays  d'origine,  la  production  des 
attestations  scolaires  confirmant  un  départ  anticipé  à  la  fin  du mois  de 
septembre 2011. L'ODM a estimé que la production de "sms" au stade du 
recours  était  tardive  et  non  pertinente,  l'intéressé  ayant  utilisé  d'autres 
termes durant ses auditions que ceux contenus dans les "sms" produits. 
L'Office fédéral a confirmé que l'exécution du renvoi des intéressés était 
licite  et  raisonnablement  exigible.  Il  a  précisé  que  les  autorités  de  la 
Fédération de Bosnie et Herzégovine avaient la volonté et la capacité de 
protéger  leurs  ressortissants contre  les agissements de  tiers.  Il a ajouté 
que  les  recourants, encore  jeunes, en bonne santé et propriétaires d'un 
logement,  jouissaient  d'un  réseau  social  et  familial  tant  dans  leur  pays 
d'origine qu'à  l'étranger, sur  lequel  ils pouvaient s'appuyer à  leur  retour. 
De plus, l'intéressé, pouvant compter sur une rente viagère en raison de 
son  grade  militaire,  était  actif  dans  le  commerce  de  voiture  d'occasion 
alors que l'intéressée avait également précédemment exercé une activité 
lucrative dans son pays d'origine.
I. 
Par ordonnance du 10 août 2011, le juge instructeur du Tribunal a invité 
les recourants à formuler leurs observations sur la réponse de l'ODM et à 
fournir une traduction de différents documents déposés.
J. 
Dans  leur  réplique  du  23  août  2011,  les  recourants  ont  répété  que  les 
véritables  raisons  pour  lesquelles  l'intéressé  avait  été  inculpé  dans  le 
cadre d'une enquête pour participation à un trafic de drogue étaient liées 
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à des vengeances personnelles. Le fait que son arrestation et sa mise en 
détention  préventive  soient  intervenues  à  l'époque  où  il  recevait  de 
nombreux  messages  de  menaces  suite  à  la  diffusion  sur  Internet  de 
vidéos en était la preuve, son avocat ayant confirmé qu'il s'agissait d'une 
"vengeance de guerre". Ils ont mis en évidence le fait que les procédures 
judicaires à l'encontre de l'intéressé étaient liées, de manière régulière, à 
l'inspecteur serbe M._______, dont le frère aurait été tué durant la guerre 
à l'endroit où se trouvait  l'intéressé. Il a souligné qu'étant connu dans sa 
région d'origine et n'y ayant pas que des amis, il était crédible qu'il ait pu 
faire  l'objet  de  ressentiments de  la part  de certains nationalistes  serbes 
compte tenu de son passé et son parcours. Il a précisé l'adresse Internet 
permettant de visionner  le troisième volet d'une série de trois vidéos sur 
l'arrestation  de  (année) mentionnée,  reconnaissant  avoir  indiqué,  à  tort, 
lors  de  son  audition  fédérale,  qu'il  s'agissait  du  deuxième  volet  de  la 
série.  Il  a  répété  que  son  arrestation  et  sa  mise  en  détention  pour 
suspicion  de  participation  à  un  trafic  de  drogue était  basée  sur  un  seul 
coup  de  téléphone  qu'il  avait  fait  à  un  ancien  ami  d'école  pour  lui 
souhaiter  un  joyeux  anniversaire.  Il  aurait  appris  que  quatre  jeunes 
auraient  été  battus  par  ce  même  inspecteur  pour  qu'ils  signent  un 
document  précisant  qu'ils  connaissaient  l'intéressé.  Bien  que  toujours 
innocenté  par  manque  de  preuve,  l'intéressé  a  souligné  avoir  été  très 
affecté par ces arrestations et avoir vu dans l'enchaînement accéléré de 
mesures  prises  à  son  encontre  plus  qu'une  coïncidence  mais  la 
concrétisation  des  menaces  reçues,  la  tension  psychique  ayant  atteint 
son point culminant le jour où son fils aurait été interpellé en rentrant de 
l'école. Compte tenu du contexte particulièrement tendu à l'approche des 
élections  d'octobre  2011  et  de  sa  situation  telle  que  décrite,  il  a  répété 
l'existence d'un risque concret de persécution en cas de retour en Bosnie, 
les  événements  allégués  constituant  une pression psychique  croissante 
et  insupportable  pour  toute  la  famille.  Les  recourants  ont  ensuite 
maintenu que  leur droit d'être entendu avait été violé puisque  l'intéressé 
avait été interrompu, à plusieurs reprises, dans son récit particulièrement 
complexe, par manque de  temps, et que  l'audition des autres membres 
de  la  famille  avait  duré  à  peine  plus  d'une  heure,  relecture  comprise, 
l'ODM s'étant pourtant basé sur des contradictions pointilleuses entre les 
différents versions présentées par les membres de la famille. Ils ont une 
nouvelle fois contesté l'appréciation faite par l'ODM de leurs déclarations 
divergentes relatives à l'élément déclencheur de leur départ. Ils ont argué 
que  les  attestations  scolaires  produites  mentionnaient  que  les  enfants 
étaient  encore  à  l'école  le  20  septembre  2011  alors  que  l'ODM  avait 
suggéré, dans sa décision, qu'ils avaient quitté  la Bosnie  le  (date) ou  le 
(date) 2011 (date du sceau apposé dans leur passeport).  Ils ont rappelé 
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avoir  mentionné  la  réception  de  "sms"  en  audition  fédérale  et  n'avoir 
produit certains d'entre eux qu'au stade du recours sur les conseils d'une 
personne  expérimentée,  contestant  ainsi  l'appréciation  incohérente  et 
généralisée de l'ODM y relative. Ils ont souligné qu'ils n'avaient jamais eu 
l'intention de remettre en cause la volonté des autorités de la Fédération 
de Bsonie et Herzégovine de protéger leurs ressortissants ;  ils y avaient 
d'ailleurs fait appel à plusieurs reprises. Ils ont néanmoins mis en exergue 
l'absence de résultats concrets, concluant à l'incapacité de la police à leur 
fournir une protection adéquate,  la pression psychique s'étant  intensifiée 
et  les ayant obligé à  fuir. S'agissant de  l'exigibilité de  leur  renvoi,  ils ont 
mentionné  que  les  éléments  retenus  par  l'ODM  dans  sa  réponse 
démontraient  que  les  seuls motifs  de  leur  départ  du  pays  ne  pouvaient 
qu'être sécuritaires. Ils ont également produit les traductions requises par 
l'ordonnance du 10 août 2011.
K. 
Les autres faits et arguments de la cause seront évoqués, si nécessaire, 
dans les considérants qui suivent.
Droit :
1. 
1.1.  Le  Tribunal,  en  vertu  de  l’art.  31  de  la  loi  du  17  juin  2005  sur  le 
Tribunal  administratif  fédéral  (LTAF,  RS  173.32),  connaît  des  recours 
contre les décisions au sens de l’art. 5 de la loi fédérale du 20 décembre 
1968  sur  la  procédure  administrative  (PA,  RS  172.021)  prises  par  les 
autorités  mentionnées  à  l’art.  33  LTAF.  En  particulier,  les  décisions 
rendues par l’ODM concernant l’asile peuvent être contestées, par renvoi 
de  l’art.  105 LAsi,  devant  le Tribunal,  lequel  statue alors  définitivement, 
sauf demande d'extradition déposée par  l'Etat dont  le requérant cherche 
à se protéger (art. 83 let. d ch. 1 de la loi du 17 juin 2005 sur le Tribunal 
fédéral [LTF, RS 173.110]).
1.2. Les  intéressés ont  qualité  pour  recourir. Présenté dans  la  forme et 
les délais prescrits par la loi, le recours est recevable (art. 48ss PA).
2. 
Avant de se prononcer sur la question de la qualité de réfugié, le Tribunal 
doit analyser, à titre liminaire, les griefs de nature formelle soulevés. Les 
recourants  ont,  en  effet,  reproché  à  l'ODM d'avoir  violé  leur  droit  d'être 
entendu,  l'intéressé n'ayant pas pu s'exprimer de manière complète  lors 
de son audition fédérale et s'attendant à être entendu une nouvelle fois.
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2.1.  Le  droit  d'être  entendu,  inscrit  à  l'art.  29  al.  2  de  la  Constitution 
fédérale du 18 avril 1999 (Cst.; RS 101), comprend le droit de s'exprimer, 
le droit de consulter le dossier, le droit de faire administrer des preuves et 
de participer à l'administration de celles­ci, le droit d'obtenir une décision 
motivée et le droit de se faire représenter ou assister (cf. ANDRÉ GRISEL, 
Traité  de  droit  administratif,  Neuchâtel  1984,  vol.  I  et  II,  p.  380ss  et 
840ss). Il est consacré, en procédure administrative fédérale, par les art. 
26 à 28 PA (droit de consulter les pièces), les art. 29 à 33 PA (droit d'être 
entendu  stricto  sensu)  et  l'art.  35  PA  (droit  d'obtenir  une  décision 
motivée). L'art. 30 al. 1 PA prévoit en particulier que l'autorité entend les 
parties avant de prendre une décision. C'est le droit pour le justiciable de 
s'exprimer sur les éléments pertinents avant qu'une décision ne soit prise 
touchant  sa situation  juridique,  soit  le droit  d'exposer  ses arguments de 
droit, de fait ou d'opportunité, de répondre aux objections de l'autorité et 
de se déterminer sur les autres éléments du dossier (cf. Arrêt du Tribunal 
fédéral [ATF] 132 II 485 consid. 3; 126 I 7 consid. 2b, 124 II 132 consid. 
2b et  jurisprudence citée; Jurisprudence des autorités administratives de 
la Confédération  [JAAC]  63.66  consid.  2,  61.50  consid.  4.2.1;  Semaine 
Judiciaire,  SJ  23/1998  consid.  2  p.  366s.,  25/1998  consid.  3a  p.  406, 
28/1996 consid. 4a p. 483; ANDRÉ GRISEL, op. cit., vol.  I, p. 380s.; FRITZ 
GYGI,  Bundesverwaltungsrechtspflege,  2e  éd.,  Berne  1983,  p.  69).  Par 
ailleurs,  la  procédure  en  matière  d'établissement  des  faits  marie  deux 
principes  opposés.  Selon  la  maxime  d'office,  l'autorité  définit  les  faits 
pertinents et ne  tient pour existants que ceux qui sont dûment prouvés. 
Selon  la  maxime  des  débats,  ce  sont  les  parties  qui  apportent  faits  et 
preuves.  La  procédure  administrative  fait  prévaloir  la  procédure 
inquisitoriale  (cf. art. 12 PA). Cependant,  les parties, et particulièrement 
dans le domaine de l'asile, ont le devoir de collaborer à l'instruction de la 
cause  (cf. art.  8  LAsi),  ce  qui  les  oblige  à  apporter,  dans  la mesure  où 
cela  peut  raisonnablement  être  exigé  d'elles,  les  preuves  commandées 
par la nature du litige et des faits invoqués, faute de quoi elles risquent de 
devoir supporter les conséquences de l'absence de preuves (cf. ATF 117 
V  261).  Un  complément  d'instruction,  sous  la  forme  d'une  nouvelle 
audition,  ne  s'impose  que  lorsque,  au  regard  des  allégations  et  des 
preuves de la partie, il demeure encore des doutes et des incertitudes qui 
ne pourront vraisemblablement être  levés que par une administration de 
preuves  ordonnées  d'office  (cf.  Jurisprudence  et  informations  de  la 
Commission suisse de recours en matière d'asile  [JICRA] 1995 n° 23 p. 
219ss).
2.2. A  l'examen du dossier de  la cause,  le Tribunal constate que  l'ODM 
n'a aucunement violé le droit d'être entendu des recourants. En effet, tant 
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les  auditions  sommaires  que  les  auditions  fédérales  doivent  être 
considérées,  sur  la  base  des  procès­verbaux,  comme  suffisamment 
détaillées et complètes à l'établissement des faits. Le fait que l'intéressé 
ait  pu  être  interrompu  ou  "recadré"  par  le  collaborateur  de  l'ODM  ne 
signifie  pas  qu'il  n'a  pas  pu  présenter  ses  motifs  d'asile  de  manière 
exhaustive, son audition  fédérale ayant d'ailleurs durée  toute  la  journée. 
Le Tribunal considère donc que c'est à juste titre que l'ODM a estimé, au 
moment  où  il  a  statué  sur  la  demande  d'asile  des  intéressés,  que  le 
dossier  était  complet  et  qu'il  n'était,  en  l'état,  nullement  nécessaire  de 
procéder à d'autres mesures d'instruction.
2.3. Sous  l'angle  de  l'obligation  de motiver,  composante  du  droit  d'être 
entendu,  le  Tribunal  constate  ensuite  que  l'ODM  n'avait  fourni  qu'une 
motivation  très  succincte  et  lacunaire  s'agissant  du  caractère  licite  et 
raisonnablement  exigible  de  l'exécution  du  renvoi  des  intéressés.  Or,  il 
faut  rappeler,  à  cet  égard,  que  l'autorité  doit  mentionner,  au  moins 
brièvement,  les  motifs  qui  l'ont  guidée  et  sur  lesquels  elle  a  fondé  sa 
décision, de manière que l'intéressé puisse se rendre compte de la portée 
de  celle­ci  et  l'attaquer  en  connaissance  de  cause  (cf.   ATF  129  I  232 
consid.  3.2  ;  AFT  126  I  97  consid.  2b  p. 102).  L'autorité  n'a  pas 
l'obligation d'exposer et de discuter  tous  les  faits, moyens de preuve et 
griefs  invoqués par  les parties, mais elle peut, au contraire,  se  limiter à 
ceux qui lui paraissent pertinents (cf. ATF 130 II 530 consid. 4.3 p. 540 ; 
ATF 126 I 97 consid. 2b p. 102 s.). L'étendue de l'obligation de motiver se 
mesure  en  fonction  de  la  complexité  de  l'affaire  et  de  la  marge 
d'appréciation de l'autorité  ; elle doit porter  tant sur  la question de l'asile 
que sur celle de l'exécution du renvoi (cf. ATAF 2010/3 consid. 5 ; JICRA 
2006  n°4  consid.  5.1  p. 44ss  ;  ANDRÉ MOSER/MICHAEL  BEUSCH/LORENZ 
KNEUBÜHLER,  Prozessieren  vor  dem  Bundesverwaltungsgericht, 
Handbücher  für  die  Anwaltpraxis,  Bâle  2008ib.,  p.  151­153  ;  ALBERTO 
ACHERMANN/CHRISTINA  HAUSMANN,  Handbuch  des  Asylrecht, 
Bern/Stuttgart 1991, p. 221­222 ). Le droit d'obtenir une décision motivée 
étant de nature formelle, sa violation entraîne en principe l'annulation de 
la décision. La guérison de  l'absence de motivation est  toutefois admise 
dans  la  mesure  où  un  renvoi  de  la  décision  à  l'autorité  inférieure 
représenterait  une  vaine  formalité  et  conduirait  à  des  retards  inutiles 
inconciliables avec  l'intérêt de  la partie concernée à un examen diligent. 
En particulier, une  telle  irrégularité peut être guérie  lorsque  le vice n'est 
pas particulièrement grave, que l'autorité inférieure a pris position sur les 
arguments décisifs dans le cadre d'un échange d'écritures, que l'intéressé 
a eu la possibilité de s'exprimer à ce sujet en connaissance de cause, et 
que  l'autorité  de  recours  dispose  de  la  même  cognition  que  l'autorité 
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inférieure  (cf.  ATAF  2010/45  consid.  6.2  [non  publié]  p.  10­11,  ATAF 
2008/47  consid.  3.3.4  p. 676  et  jurisprudence  citée  ;  ATF  133  I  201 
consid. 2.2 p. 204, ATF 125  I 209, consid. 9a p. 219  ; Arrêt du TAF D­
1951/2008 du 16 mars 2011 consid. 5 ; MOSER/BEUSCH/KNEUBÜHLER, ib., 
p.  155­156).  Force  est  de  constater,  en  l'espèce,  l'ODM  a  fourni  une 
motivation  relativement  détaillée  dans  sa  réponse  du  5  août  2011.  Les 
recourants  ont,  ensuite,  eu  la  possibilité  de  se  déterminer  sur  les 
différents éléments retenus à ce titre dans le cadre de leur réplique du 23 
août 2011 (cf. p. 9 et 10). Dans ces conditions, il faut, dès lors, considérer 
que la violation de l'obligation de motiver a été guérie.
2.4. Au vu de ce qui précède, le grief de violation du droit d'être entendu, 
que  ce  soit  sous  l'angle  d'une  audition  incomplète  ou  de  l'obligation  de 
motiver, doit donc être rejeté,  la requête tendant à une nouvelle audition 
étant écartée.
3. 
3.1. Sont des réfugiés les personnes qui, dans leur Etat d'origine ou dans 
le pays de leur dernière résidence, sont exposées à de sérieux préjudices 
ou craignent à juste titre de l'être en raison de leur race, de leur religion, 
de leur nationalité, de leur appartenance à un groupe social déterminé ou 
de  leurs  opinions  politiques.  Sont  notamment  considérées  comme  de 
sérieux préjudices la mise en danger de la vie, de l'intégrité corporelle ou 
de  la  liberté,  de  même  que  les  mesures  qui  entraînent  une  pression 
psychique  insupportable.  Il  y  a  lieu  de  tenir  compte  des motifs  de  fuite 
spécifiques aux femmes (art. 3 al. 1 et 2 LAsi).
3.2.  Quiconque  demande  l’asile  (requérant)  doit  prouver  ou  du  moins 
rendre  vraisemblable  qu'il  est  un  réfugié.  La  qualité  de  réfugié  est 
vraisemblable  lorsque  l'autorité  estime  que  celle­ci  est  hautement 
probable. Ne sont pas vraisemblables notamment les allégations qui, sur 
des  points  essentiels,  ne  sont  pas  suffisamment  fondées,  qui  sont 
contradictoires,  qui  ne  correspondent  pas  aux  faits  ou  qui  reposent  de 
manière déterminante sur des moyens de preuve faux ou falsifiés (art. 7 
LAsi).
3.3.  Selon  la  jurisprudence  de  la  Commission,  laquelle  est  toujours 
d'actualité, et la doctrine (cf. JICRA 2000 n°9, consid. 5a p.78 ; 1998 n°4 
consid. 5d p.27, 1998 n°18 consid. 9 p. 161s. ; 1997 n°10 p.73ss ; 1996 
n° 18 p. 170ss ; n° 30 p. 292ss ; 1994 n° 5 p. 47 ; 1993 n° 11 p.67 et n° 
21 p.134),  l'expression "craindre à  juste titre une persécution" comprend 
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un  aspect  subjectif  et  un  aspect  objectif.  En  effet,  le  seul  fait  qu'une 
personne se sente anxieuse et éprouve quelque crainte à retourner dans 
son pays d'origine (aspect subjectif) ne suffit pas. Une crainte subjective 
de  persécution  devient  objectivement  fondée  si,  au  vu  d'une  situation 
politique déterminée, elle serait ressentie par une personne normalement 
douée  de  sensibilité  et  si  elle  repose  sur  des  indices  qui  démontrent 
qu'elle encourt un danger imminent de persécution (aspect objectif). Ces 
indices  peuvent  ressortir,  par  exemple,  du  contexte  de  vie  familial  du 
requérant, de son appartenance à un groupe social, politique ou racial  ; 
de sa  religion ou de sa nationalité, de ses expériences personnelles ou 
encore  de  persécutions  déjà  subies.  Ils  peuvent  également  consister 
dans une vulnérabilité particulière  tenant à sa personne, voire dans des 
préjudices sérieux  infligés à des proches (cf. JICRA 1994 n° 5 op. cité  ; 
n° 7 p. 132ss ; n° 24 p. 177ss ; 1993 n° 39 p. 280ss). La crainte fondée 
de persécution n'est en outre déterminante au sens de  l'art. 3 LAsi que 
lorsque le requérant établit ou rend hautement vraisemblable qu'il pourrait 
être  victime  de  persécutions  avec  une  haute  probabilité  et  dans  un 
proche avenir. Une simple éventualité de persécution ne suffit pas. Des 
indices  concrets  et  sérieux  doivent  faire  apparaître  ces  persécutions 
comme  imminentes  et  réalistes.  Ainsi,  une  crainte  de  persécution  n'est 
objectivement  fondée  que  si,  placée  dans  les  mêmes  conditions,  une 
personne  douée  d'une  sensibilité  normale  aurait  des  raisons 
objectivement  reconnaissables  de  craindre,  selon  toute  vraisemblance, 
d'être victime de persécutions à tel point que l'on ne saurait exiger d'elle 
qu'elle  rentre  dans  son  pays  (cf.  également  Organisation  suisse  d'aide 
aux  réfugiés  (éd.),  Manuel  de  la  procédure  d'asile  et  de  renvoi,  Berne 
2009,  p. 188s  ;  MINH  SON  NGUYEN,  Droit  public  des  étrangers,  Berne 
2003,  p. 447ss  ;  MARIO  GATTIKER,  La  procédure  d'asile  et  de  renvoi, 
Berne 1999, p. 69s ; ALBERTO ACHERMANN / CHRISTINA HAUSAMMANN, Les 
notions d'asile et de réfugié en droit suisse,  in  : Walter Kälin (éd.), Droit 
des  réfugiés,  enseignement  de  3e  cycle  de  droit  1990,  Fribourg  1991, 
p. 44  ;  ACHERMANN  /  HAUSAMMANN,  Handbuch  des  Asylrechts,  ib., 
p. 108ss).
4. 
4.1.  En  l'occurrence,  les  recourants  ont  invoqué  avoir  fait  l'objet  d'une 
pression  psychique  croissante  en  raison  de  l'engagement  militaire  de 
l'intéressé  durant  la  guerre  et  de  la  diffusion  de  vidéos  sur  Internet  qui 
aurait fait resurgir d'anciennes velléité. Leurs motifs d'asile ne remplissent 
cependant  ni  les  exigences  de  vraisemblance  posées  à  l'art.  7  LAsi  ni 
celles de pertinences de l'art. 3 LAsi.
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4.2. Le Tribunal  retient,  tout  d'abord,  que  les  trois  films mentionnés ont 
été diffusés sur Internet le 25 avril 2009 alors que l'intéressé date le début 
des menaces pour ce motif au mois de mars 2010, soit près d'un an plus 
tard.  Si  la  diffusion  de  ces  films  avaient  effectivement  fait  resurgir 
d'anciennes  velléité,  il  faut  admettre  que  l'intéressé  aurait  été  menacé 
plus  tôt.  Le  recourant  s'est,  en  outre,  contredit  sur  l'origine  desdites 
menaces en indiquant, lors de son audition sommaire, que la police l'avait 
informé  qu'elles  provenaient  de  la  République  Srpeska  (cf.  pv.  de  son 
audition  sommaire  p.  6),  puis,  au  cours  de  son  audition  fédérale,  qu'il 
pensait qu'elles provenait de CETNIK puis qu'il ne l'avait jamais su (cf. pv. 
de  son  audition  fédérale  p.  5  et  7).  Entendu  sur  ces  divergences, 
l'intéressé a donné des explications ni  claires ni  plausibles  (cf.  de  cette 
même audition p. 15). Le recourant a, de plus, tenu des propos vagues et 
confus  sur  le moment  à  partir  duquel  il  aurait  pris  lesdites menaces  au 
sérieux (cf. pv. de son audition fédérale p. 5). La production de "sms", au 
stade du recours, ne permet par ailleurs pas de démontrer que l'intéressé 
aurait effectivement été menacé dans les circonstances et pour les motifs 
allégués. Ces éléments permettent déjà de conclure à  l'invraisemblance 
des motifs d'asile présentés.
4.3. Les  recourants ont  soutenu que  la  fausse  inculpation de  l'intéressé 
dans  une  affaire  de  drogue,  documents  à  l'appui,  constituaient  des 
mesures  de  représailles  suite  à  l'engament  de  l'intéressé  durant  la 
guerre, y voyant une concrétisation des menaces encourues. Le Tribunal 
retient  toutefois qu'il ne s'agit­là que de simples affirmations de leur part 
que  les  moyens  de  preuve  déposés  ne  permettent  pas  établir,  les 
documents produits à cet égard ne pouvant que confirmer que l'intéressé 
a été lavé de tout soupçon dans une affaire de drogue, faute de preuve. 
Quant aux affirmations de l'intéressé selon lesquelles il aurait appris que 
quatre  personnes  auraient  été  contraintes  de  signer  un  document  afin 
qu'il  soit  arrêté  en  tant  que  suspect  dans  le  cadre  de  cette  enquête 
(cf. pv. de  son  audition  fédérale  9,  réplique  p.  3),  celles­ci  ne  sont  pas 
suffisantes. De pratique constante, le Tribunal considère, en effet, que le 
fait  d'avoir  appris  un  événement  par  des  tiers  ne  suffit  pas  pour  établir 
l'existence d'une crainte  fondée de  future persécution  (cf.  dans ce sens 
ALBERTO ACHERMANN  / CHRISTINA HAUSAMMANN, Les notions d'asile et de 
réfugié en droit suisse, op. cit., p. 44). Ce même raisonnement s'applique 
aux  indications  de  l'intéressé  selon  lesquelles  un  de  ses  amis  aurait 
entendu  que  son  nom  figurait  sur  une  liste  d'anciens  combattants 
déposée  au  mois  (…)  2010  par  le  CETNIK  auprès  de  la  police  de 
E._______. Par conséquent, il faut considérer que les différents éléments 
avancés ne constituent pas un faisceau d'indices suffisants permettant de 
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conclure  que  l'intéressé  a  effectivement  fait  l'objet  de  pressions  ciblées 
de  la part d'un  inspecteur de police, utilisant abusivement ses  fonctions 
pour  se  venger.  Le  fait  que  le  téléphone  des  intéressés  a  été  mis  sur 
écoute par les autorités bosniaques, dans le cadre d'une procédure pour 
trafic  de  drogue,  n'est  pas  davantage  déterminant,  dans  la  mesure  où 
cela  constitue  l'expression  du  droit  légitime  de  chaque  Etat  de  prendre 
des mesures d'intérêt public visant à assurer le maintien de la paix et de 
l'ordre public, ainsi que la protection de ses citoyens, de ses institutions et 
de leurs biens. 
4.4.  Le  Tribunal  rappelle,  en  outre,  que  la  notion  de  persécution 
ressortant de l'art. 3 LAsi a été élargie avec l'adoption de la théorie de la 
protection.  Selon  cette  dernière,  il  faut,  en  effet,  imputer  à  l'Etat  le 
comportement  non  seulement  d'agents  étatiques,  mais  également  de 
privés qui abusent de leur position et de leur autorité pour commettre des 
préjudices déterminants en matière d'asile,  lorsque cet Etat n'entreprend 
rien pour les en empêcher ou pour les sanctionner (cf. JICRA 2006 n° 18 
p.  180  ss).  Les  conditions  mises  à  la  reconnaissance  d'une  telle 
persécution  sont  cependant  strictes,  dès  lors  que  la  possibilité,  pour  la 
victime,  de  trouver,  dans  son  Etat  national  (en  priorité  auprès  des 
autorités),  une  protection  adéquate  contre  les  atteintes  subies,  exclut 
pareille  reconnaissance,  et  partant,  l'octroi  de  l'asile.  Or,  même  à 
supposer que  les  intéressés aient effectivement  fait  l'objet de menaces, 
ce qui  n'est  pas avéré  (cf. consid.  4.3  ci­dessus),  il  faut  retenir,  dans  le 
cas particulier, qu'ils n'ont pas apporté d'éléments concrets établissant ou 
rendant hautement probable (cf. art. 7 LAsi), que  les autorités policières 
et  judiciaires  de  la  Fédération  de  Bosnie  et  Herzégovine  ne  pourraient 
pas les protéger d'agissements de tiers. Les recourants ont reconnu que 
dites autorités en avaient la volonté et s'y seraient d'ailleurs adressés. Le 
fait  que  les  intéressés  n'aient  pu  constater  aucun  résultat  jusqu'à  leur 
départ ne permet cependant pas encore de conclure que ces autorités ne 
sont pas à même de les protéger. Le Tribunal note, pour le surplus, qu'il 
considère que dans  les  territoires où  ils  sont ethniquement majoritaires, 
les  ressortissants  de  Bosnie  et  Herzégovine  bénéficient  d'une  sécurité 
suffisante  pour  qu'une  protection  internationale  contre  des  persécutions 
ethniques ne se justifie pas juridiquement (cf. JICRA 2000 n° 2 consid. 8 
et  9c  et  références  citées,  arrêt  du  Tribunal  administratif  fédéral  du  24 
septembre  2010  en  la  cause  E­4909/2006  consid.  3.2).  Enfin,  les 
prétendus préjudices allégués, pour autant qu'ils soient avérés, seraient 
manifestement  circonscrits  à  la  région  d'origine  des  intéressés  de  sorte 
qu'ils  avaient  avant  leur  départ,  et  encore  aujourd'hui,  la  possibilité  de 
s'installer  dans  un  autre  lieu  de  leur  choix  dans  la  Fédération  croato­
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musulmane de Bosnie et Herzégovine (sur la notion de refuge interne, cf. 
notamment JICRA 2006 n° 18 consid. 10.3 p. 203s.,  JICRA 2000 n° 15 
consid. 10 à 12 p. 119ss, JICRA 1997 n° 12 consid. 6b p. 88,.JICRA 1997 
n° 14 consid. 2b p. 106s. et JICRA 1996 n° 1 consid. 5c p. 6s.).
4.5. Le Tribunal retient également que les activités de l'intéressé au sein 
de l'armée bosniaque, en particulièrement l'arrestation de soldats serbes 
en automne  (année),  ne peuvent être déterminantes au sens de  l'art.  3 
LAsi, faute de connexité temporelle. Même à supposer que la diffusion de 
films  sur  Internet  en  2009  ait  fait  resurgir  certaines  velléité,  elle  n'est 
cependant pas, à elle seule, suffisante à  rendre hautement probable un 
risque de persécutions en cas de retour. 
4.6. De même, la crainte de l'intéressé de subir des préjudices de la part 
de wahhabites n'apparaît pas fondée.  Il est certes notoire que la Bosnie 
et Herzégovine assiste à une montée de l'islam radical. Durant la guerre 
de  Yougoslavie  (1992­1995)  de  nombreux  combattants  islamistes 
("mudjahidins") et adhérents au wahhabisme (doctrine islamique prônant 
une  religion  rigoureuse)  sont  venus  se  battre  aux  côtés  des  forces 
musulmanes  bosniaques.  Si,  à  la  fin  de  la  guerre,  la  plupart  des 
"mudjahidins" ont quitté le pays, certains d'entre eux s'y sont établis et ont 
créé  des  organisations  islamiques  wahhabites  ayant  pour  but  la 
radicalisation  de  la  population  musulmane.  Le  repli  identitaire  de  la 
population  bosniaque  et  sa  lassitude  à  l'égard  des  élites  politiques  du 
pays  ont  offert  un  terreau  propice  à  la  réislamisation  des  musulmans 
bosniaques.  Après  la  guerre,  de  nombreuses  organisations  ont  été 
dissoutes  sous  la  pression  des  Etats­Unis.  Selon  les  dernières 
informations, seule une minorité de  la population bosniaque musulmane 
(13%)  adhèrerait  à  l'islam  intégriste.  En  2010,  les  autorités  bosniaques 
ont  dénombré  quelque  3'000  membres  de  la  mouvance  wahhabite  en 
Bosnie  et  Herzégovine  et  une  vingtaine  de  groupes  musulmans 
intégristes,  exclusivement  locaux.  Les  wahhabites  se  trouvent 
marginalisés  politiquement  et  ne  jouissent  généralement  ni  de  liens 
particuliers  avec  les  autorités  ni  de  complaisance  de  leur  part. 
Cependant, même si la plupart des politiciens qui les ont soutenus durant 
la guerre ne sont plus actifs, il n'est pas exclu qu'ils bénéficient encore de 
relations  avec  quelques  politiciens  ou  membres  d'autorités  municipales 
(cf. Inter Press Service, Balkans : Arrest of Wahhabis Highlights Extremist 
Threat,  11  février  2010,  ,  site  internet  consulté  le  31 
janvier 2011 ; Agence France Presse, Inquiétudes en Bosnie autour des 
musulmans  intégristes,  26  septembre  2010,  www.indymedia­
,  site  internet  consulté  le  31  janvier  2011).  Dans  ce 
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contexte,  il n'est donc pas exclu que le recourant ait pu avoir un contact 
avec un colonel (…), lui ayant demandé de collaborer à la lutte contre le 
terrorisme,  et  qu'il  ait  pu  être  menacé  par  un  wahhabite.  Le  Tribunal 
observe néanmoins les déclarations très vagues de l'intéressé à ce sujet. 
De plus, dans la mesure où cet événement de 2006 remonterait à près de 
cinq ans avant son départ du pays, force est d'admettre que le rapport de 
causalité n'existe plus. Enfin,  le simple fait que d'anciens soldats serbes 
ou  des  personnes  proches  du  wahhabisme  viennent  s'installer  aux 
alentours  de  la maison  des  intéressés  n'est  pas  suffisant  à  fonder  une 
crainte objective de persécutions  futures. Quant à  la circulaire du  (date) 
2004 du Ministère  de  la  défense,  elle  ne  peut  avoir  de  valeur  probante 
dans  la  mesure  où  elle  est  de  portée  générale  et  où  le  lien  entre 
l'intéressé  et  le  général  mentionné  dans  cette  dernière  n'est  qu'une 
simple affirmation de sa part.
4.7.  Quant  à  la  recourante  et  à  leur  fils,  ils  ont  déclaré  ne  pas  avoir 
rencontré  de  problèmes  personnels,  les  difficultés  ayant  motivé  leur 
départ  du  pays  étant  liées  à  celles  de  son  époux,  respectivement  père 
(cf. pv. de son audition fédérale p. 3). Ils n'ont donc fait valoir aucun motif 
d'asile propre.
4.8. Dans ces conditions, le Tribunal conclut à l'inexistence d'une crainte 
objectivement fondée de persécutions futures, les intéressés n'ayant pas 
rendu  hautement  probable  qu'il  encourrait,  de manière  concrète,  un  tel 
risque.  Pour  les  mêmes  motifs,  l'existence  d'une  pression  psychique 
insupportable atteignant une intensité et un degré rendant impossible ou 
difficilement  supportable  la  poursuite  de  la  vie  ou  d'une  existence 
conforme  à  la  dignité  humaine  ne  leur  peut  être  reconnue  (cf.  JICRA 
2000 n° 17 consid. 10 et 11 p. 156 ss). 
5. 
Au  vu  de  ce  qui  précède,  le  recours,  en  tant  qu'il  conteste  la  non­
reconnaissance  de  la  qualité  de  réfugié  et  le  refus  de  l'asile,  doit  être 
rejeté.
6. 
6.1. Lorsqu’il rejette la demande d'asile ou qu'il refuse d'entrer en matière 
à ce sujet, l'ODM prononce, en règle générale, le renvoi de Suisse et en 
ordonne  l'exécution ;  il  tient  compte  du  principe  de  l'unité  de  la  famille 
(art. 44  al. 1  LAsi).  Le  renvoi  ne  peut  être  prononcé,  selon  l'art. 32  de 
l'ordonnance 1 du 11 août 1999 sur  l’asile relative à  la procédure (OA 1, 
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RS 142.311),  lorsque  le  requérant  d’asile  dispose d’une autorisation  de 
séjour  ou  d’établissement  valable,  ou  qu’il  fait  l’objet  d’une  décision 
d’extradition ou d’une décision de  renvoi conformément à  l’art. 121 al. 2 
de la Constitution fédérale du 18 avril 1999 (Cst., RS 101).
6.2.  Aucune  exception  à  la  règle  générale  du  renvoi  n'étant  en 
l'occurrence réalisée, le Tribunal est tenu, de par la loi, de confirmer cette 
mesure.
7. 
7.1. L’exécution du renvoi est ordonnée si elle est licite, raisonnablement 
exigible et possible (art. 44 al. 2 LAsi). Elle est réglée par l'art. 83 de la loi 
fédérale  sur  les  étrangers  du  16  décembre  2005  (LEtr,  RS  142.20), 
entrée en vigueur  le 1er  janvier 2008. Cette disposition a remplacé  l'art. 
14a  de  l'ancienne  loi  fédérale  du  26 mars  1931  sur  le  séjour  et 
l’établissement des étrangers (LSEE).
7.2. L'exécution n'est  pas  licite  lorsque  le  renvoi  de  l'étranger dans son 
Etat d'origine ou de provenance ou dans un Etat  tiers est  contraire aux 
engagements  de  la  Suisse  relevant  du  droit  international  (art. 83  al. 3 
LEtr). Aucune personne ne peut être contrainte, de quelque manière que 
ce soit, à se rendre dans un pays où sa vie, son intégrité corporelle ou sa 
liberté serait menacée pour l'un des motifs mentionnés à l'art. 3 al. 1 LAsi, 
ou encore d'où elle risquerait d'être astreinte à se rendre dans un tel pays 
(art. 5 al. 1 LAsi). Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou 
traitements inhumains ou dégradants (art. 3 CEDH).
7.3. L'exécution de  la décision peut ne pas être raisonnablement exigée 
si  le  renvoi  ou  l'expulsion  de  l'étranger  dans  son  pays  d'origine  ou  de 
provenance  le  met  concrètement  en  danger,  par  exemple  en  cas  de 
guerre,  de  guerre  civile,  de  violence  généralisée  ou  de  nécessité 
médicale (art. 83 al. 4 LEtr).
7.4. L'exécution n'est pas possible  lorsque  l'étranger ne peut pas quitter 
la Suisse pour son Etat d'origine, son Etat de provenance ou un Etat tiers, 
ni être renvoyé dans un de ces Etats (art. 83 al. 2 LEtr).
8. 
8.1. S'agissant de la licéité du l'exécution du renvoi,  les recourants n'ont 
pas rendu vraisemblable leur exposition, en cas de retour dans leur pays 
d'origine, à de sérieux préjudices au sens de l'art. 3 LAsi (cf. consid. 4 ci­
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dessus). Aussi ne peuvent­ils se voir appliquer l'art. 5 LAsi qui reprend en 
droit  interne  le  principe  du  non­refoulement  généralement  reconnu  en 
droit  international  public  et  énoncé  expressément  à  l'art.  33  de  la 
Convention  relative  au  statut  des  réfugiés  du  28  juillet  1951  (Conv. RS 
0.142.30).
8.2.  En  outre,  pour  cette  même  raison,  le  Tribunal  ne  saurait  pas 
davantage tenir pour établi un véritable risque concret et sérieux, pour les 
recourants, d'être victimes de traitements prohibés par l'art. 3 CEDH ou 3 
de la Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains 
ou dégradants du 10 décembre 1984  (Conv.  torture, RS 0.105), en cas 
de renvoi dans son pays (cf. JICRA 1996 n° 18 consid. 14b spéc. let. ee 
p. 182ss).
8.3.  Partant  l'exécution  du  renvoi  des  recourants  sous  forme  de 
refoulement ne transgresse aucun engagement de la Suisse relevant du 
droit international, de sorte qu'elle s'avère licite (art. 44 al. 2 LAsi et 83 al. 
3 LEtr).
9. 
9.1. Selon l'art. 83 al. 4 LEtr,  l'exécution de la décision peut ne pas être 
raisonnablement exigée si le renvoi ou l'expulsion de l'étranger dans son 
pays  d'origine  ou  de  provenance  le  met  concrètement  en  danger,  par 
exemple en cas de guerre, de guerre civile, de violence généralisée ou 
de  nécessité médicale. Cette  disposition  s'applique  en  premier  lieu  aux 
« réfugiés de la violence », soit aux étrangers qui ne remplissent pas les 
conditions  de  la  qualité  de  réfugié  parce  qu'ils  ne  sont  pas 
personnellement persécutés, mais qui fuient des situations de guerre, de 
guerre civile ou de violence généralisée, et ensuite aux personnes pour 
qui  un  retour  reviendrait  à  les  mettre  concrètement  en  danger, 
notamment parce qu'elles ne pourraient plus recevoir les soins dont elles 
ont besoin. En revanche, les difficultés socio­économiques qui sont le lot 
habituel de  la population  locale, en particulier des pénuries de soins, de 
logement, d'emplois, et de moyens de formation, ne suffisent pas en soi à 
réaliser une telle mise en danger. L'autorité à qui incombe la décision doit 
donc  dans  chaque  cas  confronter  les  aspects  humanitaires  liés  à  la 
situation  dans  laquelle  se  trouverait  l'étranger  concerné  dans  son  pays 
après  l'exécution  du  renvoi  à  l'intérêt  public  militant  en  faveur  de  son 
éloignement de Suisse  (cf. ATAF 2009/52 consid.  10.1 p.  756s.  ; ATAF 
2008/34  consid.  11.1  ;  ATAF  2007/10  consid.  5  ;  JICRA 2005  n°  24  p. 
215 consid. 10.1 ; JICRA 2003 n° 24 p. 157 consid. 5a ; JICRA 2002 n° 
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11 p. 99 ss consid. 8 ; JICRA 1999 n° 28 p. 170 consid. 5b ; JICRA 1998 
n°  22  p.  191  consid.  7a  et  jurisp.  citée  ;  PETER  BOLZLI,  in  :  Marc 
Spescha/Hanspeter  Thür/Andreas  Zünd/Peter  Bolzli,  Kommentar 
Migrationsrecht, Zurich 2008, n. 14 ss ad art. 83; WALTER STÖCKLI, Asyl, 
in  :  Peter Uebersax/Beat Rudin/Thomas Hugi  Yar/Thomas Geiser  [éd.], 
Ausländerrecht,  Handbücher  für  die  Anwaltspraxis,  vol.  VIII,  2ème  éd., 
Bâle 2009, n° 11.68 s.).
9.2.  Il  est  notoire  que  la  Bosnie  et  Herzégovine  ne  connaît  pas  une 
situation  de  guerre,  de  guerre  civile  ou  de  violence  généralisée  qui 
permettrait  d'emblée  ­  et  indépendamment  des  circonstances  du  cas 
d'espèce  ­  de  présumer,  à  propos  de  tous  les  ressortissants  du  pays, 
l'existence d'une mise en danger concrète au sens de l'art. 83 al. 4 LEtr.
9.3. En  l'occurrence,  les  recourants, qui sont encore  jeunes, bénéficient 
tous  deux  d'expériences  professionnelles  dans  leur  pays  d'origine.  Ils 
sont, en outre, propriétaires d'une maison individuelle, et disposent dans 
leur pays d'origine d'un solide réseau familial, les membres de leur famille 
en  Suisse  pouvant  également  les  aider  financièrement  le  cas  échéant 
(cf. pv.  de  l'audition  sommaire  p.3).  S'agissant  des  difficultés  de  santé 
mentionnés  lors  des  auditions  fédérales  (probable  [indication médicale], 
cf.  p.  16  de  l'audition  de  l'intéressé  ;  troubles  psychiques  cf.  p.  6  de 
l'audition de  l'intéressée),  le Tribunal constate que ceux­ci n'ont pas été 
invoqués au stade du recours, que ce soit dans le mémoire ou la réplique 
dans  laquelle  ils  se  sont  pourtant  exprimé  tout  particulièrement  sur  le 
caractère  raisonnablement  exigible  de  l'exécution  de  leur  renvoi.  Or,  il 
appartenait  aux  intéressés  de  spontanément  faire  valoir  d'éventuels 
motifs médicaux (cf. ATAF 2009/50 consid. 10). Dans ces conditions, il ne 
peut  être  considéré  que  ceux­ci  sont  d'une  gravité  telle  à  constituer  un 
obstacle à l'exécution de leur renvoi, les intéressés les auraient d'ailleurs 
invoqué et  documenté,  dans  la procédure de  recours,  si  tel  avait  été  le 
cas. Si  d'aventure  l'intéressé devait  effectivement  subir  une quelconque 
intervention  chirurgicale,  il  appartiendrait  à  l'ODM  d'adapter  le  délai  de 
départ de la famille en conséquence.
9.4. Pour  ces motifs,  l'exécution  du  renvoi  doit  être  considérée  comme 
raisonnablement exigible en l'état.
10. 
Enfin,  les  recourants  sont  en  possession  de  documents  suffisants  pour 
rentrer dans leur pays ou, à tout le moins, sont en mesure d'entreprendre 
toute  démarche  nécessaire  auprès  de  la  représentation  de  leur  pays 
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d'origine en vue de  l'obtention de documents de voyage  leur permettant 
de quitter  la Suisse. L'exécution du renvoi ne se heurte donc pas à des 
obstacles  insurmontables  d'ordre  technique  et  s'avère  également 
possible (cf. ATAF 2008/34 consid. 12 p. 513­515).
11. 
Cela  étant,  l'exécution  du  renvoi  doit  être  déclarée  conforme  aux 
dispositions  légales.  Il  s'ensuit  que  le  recours,  en  tant  qu'il  conteste  la 
décision de renvoi et son exécution, doit être également rejeté.
12. 
Les conclusions du recours n'étant pas d'emblée vouées à l'échec et les 
intéressés ayant établi  leur  indigence,  l'assistance  judiciaire partielle est 
accordée (cf. art. 65 PA). Il est donc renoncé à la perception des frais de 
procédure.
(dispositif page suivante)
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Par ces motifs, le Tribunal administratif fédéral prononce :
1. 
Le recours est rejeté.
2. 
La demande d'assistance judiciaire partielle est admise.
3. 
Il est renoncé à la perception des frais de procédure.
4. 
Le  présent  arrêt  est  adressé  aux  recourants,  à  l'ODM  et  à  l'autorité 
cantonale compétente.
La présidente du collège : La greffière :
Emilia Antonioni Céline Longchamp
Expédition :