D-6690/2008 - Abteilung IV - Asile et renvoi - Asile et renvoi; décision de l'ODM du 23 septembre...
Karar Dilini Çevir:
D-6690/2008 - Abteilung IV - Asile et renvoi - Asile et renvoi; décision de l'ODM du 23 septembre...
Bundesve rwa l t ungsge r i ch t
T r i buna l   adm in i s t r a t i f   f édé ra l
T r i buna l e   ammin i s t r a t i vo   f ede ra l e
T r i buna l   adm in i s t r a t i v   f ede ra l
Cour IV
D­6690/2008
A r r ê t   d u   3   o c t o b r e   2 0 1 1
Composition Gérard Scherrer (président du collège), 
Jean­Pierre Monnet, Martin Zoller, juges,
Germana Barone Brogna, greffière.
Parties A._______, né le […],
Chine,
recourant, 
contre
Office fédéral des migrations (ODM), 
Quellenweg 6, 3003 Berne, 
autorité inférieure. 
Objet Asile et renvoi ; décision de l'ODM du 23 septembre 2008 /
N […].
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Faits :
A. 
Le  3  septembre  2007,  A._______,  ressortissant  chinois  d'ethnie  et  de 
langue maternelle  tibétaines et de confession bouddhiste, a déposé une 
demande d'asile en Suisse. 
B. 
Entendu  sommairement,  le  11  septembre  2007,  puis  sur  ses  motifs 
d'asile, le 30 octobre suivant, il a en substance indiqué venir du village de 
"B._______" (dans la préfecture autonome tibétaine de Yushu), où il avait 
vécu jusqu'à son départ. 
A  l'âge  de  onze  ans,  il  aurait  été  envoyé  par  ses  parents  dans  le 
monastère  bouddhiste  de  "C._______",  situé  dans  sa  région,  afin  de 
devenir moine. Il y aurait suivi une formation religieuse et appris à lire et à 
écrire  la  langue  tibétaine,  sans  nourrir  le  moindre  intérêt  pour  les 
questions politiques. Cependant, vers l'âge de seize ans, depuis que des 
officiels  chinois  de  passage  dans  le  monastère  y  avaient  contraint  les 
moines  à  dénoncer  l'autorité  du  Dalaï­Lama  ­  ce  que  lui­même  aurait 
refusé  tout  en  soutenant  la  cause  indépendantiste  tibétaine  ­  il  n'aurait 
plus eu la moindre sympathie à l'égard du régime de Pékin. 
A l'âge de 19 ans, il aurait été informé par les autorités chinoises que tous 
les moines de "C._______" seraient astreints au service militaire et que le 
monastère  serait  fermé.  Suite  à  son  refus  d'accomplir  son  devoir  de 
soldat,  il  aurait  fait  l'objet  d'une  convocation  officielle  de  la  part  des 
autorités, auxquelles  il  aurait  toutefois  fait  savoir que  le service militaire 
était contraire à ses convictions religieuses, et qu'il n'était pas disposé à 
abandonner la foi bouddhiste. Il aurait de ce fait été frappé à un genou au 
moyen  d'un  bâton  électrique,  menacé  de  mort,  puis  placé  sous 
surveillance.
A  cette  même  époque,  il  aurait  quitté  le  monastère  et  poursuivi  sa 
formation religieuse chez son maître spirituel, jusqu'à 23 ou 25 ans, selon 
les  versions,  demeurant  domicilié  chez  ses  parents  jusqu'à  23  ans. 
Sporadiquement,  il  aurait  été  appelé  à  officier  lors  de  cérémonies 
religieuses.  Entre­temps,  il  se  serait  engagé  politiquement,  son  activité 
ayant  consisté  à  placarder  tous  les  six mois,  dans  différentes  localités, 
des affiches réclamant l'indépendance du Tibet et dénonçant l'occupation 
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chinoise.  Il  aurait  œuvré  avec  deux  amis  moines,  dont  il  était  le  chef, 
jusqu'en 2007. 
En  2004,  il  aurait  eu  un  démêlé  avec  un  policier  chinois  alors  qu'il 
conduisait  sans  permis  de  conduire,  incident  qui  n'aurait  toutefois  eu 
aucune conséquence.
En mars  2005,  sa  rencontre  avec  une  jeune  femme à Nangching,  où  il 
s'était rendu pour placarder des affiches, l'aurait fait renoncer à sa vie de 
moine. Il se serait alors installé chez sa compagne ­ avec qui il aurait eu 
un enfant ultérieurement ­ sa révolte contre le régime de Pékin et la lutte 
pour la libération de son pays prenant ainsi le dessus sur ses convictions 
bouddhistes.
En 2007, il aurait été informé par ses parents que la police s'était enquise 
auprès  d'eux  de  son  lieu  de  séjour.  Selon  l'intéressé,  cette  visite  au 
domicile parental démontrait qu'il était surveillé du fait de son refus, par le 
passé, de signer des documents relatifs au service militaire, d'une part, et 
d'abandonner sa foi envers le Dalaï­Lama, d'autre part. 
Le  15 mai  2007,  il  aurait  appris  par  le  frère  d'un  des  deux  camarades 
moines que ceux­ ci avaient été arrêtés et emprisonnés par les autorités 
chinoises,  l'un  en mars  2007,  l'autre  en  avril,  en  raison  de  leur  activité 
politique, qu'ils avaient livré son nom sous la torture et qu'il était de ce fait 
lui­même  personnellement  recherché.  Des  affiches  (avec  son  nom,  sa 
photographie,  et  son  numéro  de  matricule  de  moine)  l'invitant  à  se 
présenter au poste de police à des fins d'interrogatoire auraient sitôt été 
placardées  dans  différentes  localités  de  sa  région,  notamment  à 
Nangching,  où  il  s'était  rendu  le  même  jour  afin  d'y  rencontrer  sa 
compagne.
Cette dernière lui aurait confirmé qu'il était recherché; il se serait résolu à 
quitter immédiatement le pays. Avec l'aide d'un passeur, il serait parvenu 
à  gagner  le  Népal  de  manière  illégale;  à  Bodha,  il  aurait  rencontré  un 
moine tibétain qui l'aurait hébergé durant trois mois, soit jusqu'au 1er août 
ou  1er  septembre  2007,  selon  les  versions.  Il  aurait  ensuite  embarqué, 
avec  un  autre  passeur,  à  bord  d'un  avion  pour  une  destination  de  lui 
inconnue, avec une escale dans un aéroport dont  il  ignorerait  le nom.  Il 
serait entré en Suisse, clandestinement, le 3 septembre 2007.
C. 
Par  décision  du  23  septembre  2008,  l'ODM  a  refusé  de  reconnaître  la 
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qualité de réfugié à  l'intéressé, a  rejeté sa demande d'asile, a prononcé 
son  renvoi  de Suisse  et  l'a mis  au  bénéfice  d'une  admission  provisoire 
pour inexigibilité de l'exécution du renvoi.
Cet  office  a  souligné  le  manque  de  crédibilité  des  allégations  de 
l'intéressé  relatives  aux  prétendus  ennuis  qu'il  aurait  connus  avec  les 
autorités  du  fait  de  son  activité  politique.  Il  a  considéré  également  que 
celui­ci ne pouvait pas prétendre à la qualité de réfugié au motif qu'il avait 
quitté  illégalement  la Chine  et  déposé  une  demande  d’asile  en  Suisse, 
dès lors qu'il n'avait pas auparavant séjourné un "certain temps" hors du 
Tibet  (en  Inde  ou  au  Népal),  comme  l'exigeait  la  jurisprudence  publiée 
(Jurisprudence  et  informations  de  la  Commission  suisse  de  recours  en 
matière d’asile [JICRA] 2006 n°1). 
D. 
Interjetant  recours  contre  cette  décision,  par  acte  du  23  octobre  2008 
(date du timbre postal), l'intéressé a persisté dans sa version des faits et 
mis  en  exergue  les  risques  qui  pesaient  sur  sa  personne  en  tant 
qu'ancien  moine  bouddhiste  ayant  œuvré  activement  en  faveur  de  la 
cause  tibétaine. A  cet  égard,  il  a  cité  de  nombreux  extraits  de  rapports 
émanant  d'organisations  internationales  faisant  état  notamment  de 
violations  des  droits  de  l'homme  à  l'égard  des  Tibétains  ayant  quitté 
illégalement  leur  pays.  Il  a  contesté  également  les  éléments 
d'invraisemblance  relevés par  l'ODM au  sujet  de  son action politique et 
soutenu  que  sa  famille  demeurée  au  village  était  sous  surveillance 
militaire  et  qu'il  ne pouvait  pas  s'entretenir  librement  avec  les  siens par 
crainte  qu'il  ne  fussent  sous  écoute  téléphonique.  Il  a  conclu  à  la 
reconnaissance de sa qualité de réfugié et à  l'octroi de  l'asile, sollicitant 
par ailleurs le bénéfice de l'assistance judiciaire partielle. A l'appui de son 
recours, il a produit une photographie le représentant en habit de moine. 
E. 
Par décision incidente du 26 novembre 2008, le juge instructeur a admis 
la demande d'assistance judiciaire partielle.
F. 
Par courriers des 10 juillet 2009 et 2 juin 2010, l'intéressé a insisté sur les 
pressions  constantes  et  incessantes  (visites  domiciliaires  et 
interrogatoires) dont faisaient l'objet les membres de sa famille demeurés 
au pays, en particulier sa compagne. Il a précisé par ailleurs avoir eu des 
nouvelles de ses deux amis arrêtés en 2007,  l'un ayant été  récemment 
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condamné à  onze  ans  de  prison,  et  l'autre  étant  toujours  dans  l'attente 
d'un jugement.
G. 
Invité  à  se  prononcer  sur  le  recours,  l'ODM,  le  10  juin  2010,  a 
partiellement reconsidéré sa décision du 23 septembre 2008 et octroyé la 
qualité de réfugié au recourant, sur la base de l'art. 54 LAsi, les autorités 
chinoises soupçonnant les Tibétains en exil d'avoir une attitude favorable 
au  Dalaï­Lama,  et  réprimant  très  sévèrement  les  départs  illégaux,  les 
demandes d'asile et  les  longs séjours à  l'étranger (cf. Arrêts du Tribunal 
administratif fédéral [ATAF] 2009/29 p. 371 ss). 
H. 
Les  autres  faits  du  dossier  seront  examinés  si  nécessaire  dans  les 
considérants qui suivent.
Droit :
1. 
1.1. Le Tribunal administratif fédéral (le Tribunal), en vertu de l’art. 31 de 
la  loi  du  17  juin  2005  sur  le  Tribunal  administratif  fédéral  (LTAF,  RS 
173.32), connaît des recours contre les décisions au sens de l’art. 5 de la 
loi  fédérale  du  20  décembre  1968  sur  la  procédure  administrative  (PA, 
RS 172.021) prises par les autorités mentionnées à l’art. 33 LTAF.
1.2.  En  particulier,  les  décisions  rendues  par  l’ODM  concernant  l’asile 
peuvent être contestées, par renvoi de l’art. 105 LAsi, devant le Tribunal, 
lequel  statue  alors  définitivement,  sauf  demande  d'extradition  déposée 
par l'Etat dont le requérant cherche à se protéger (art. 83 let. d ch. 1 de la 
loi du 17 juin 2005 sur le Tribunal fédéral [LTF, RS 173.110]).
1.3. Le recourant a qualité pour recourir (art. 48 al. 1 PA). Présenté dans 
la forme (art. 52 PA) et le délai prescrits par la loi (art. 108 al. 1 LAsi), le 
recours est recevable.
2. 
2.1. Sont des réfugiés les personnes qui, dans leur Etat d’origine ou dans 
le pays de leur dernière résidence, sont exposées à de sérieux préjudices 
ou craignent à juste titre de l’être en raison de leur race, de leur religion, 
de leur nationalité, de leur appartenance à un groupe social déterminé ou 
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de  leurs  opinions  politiques.  Sont  notamment  considérées  comme  de 
sérieux préjudices la mise en danger de la vie, de l’intégrité corporelle ou 
de  la  liberté,  de  même  que  les  mesures  qui  entraînent  une  pression 
psychique  insupportable.  Il  y  a  lieu  de  tenir  compte  des motifs  de  fuite 
spécifiques aux femmes (art. 3 al. 1 et 2 LAsi).
2.2.  Quiconque  demande  l’asile  (recourant)  doit  prouver  ou  du  moins 
rendre  vraisemblable  qu’il  est  un  réfugié.  La  qualité  de  réfugié  est 
vraisemblable  lorsque  l’autorité  estime  que  celle­ci  est  hautement 
probable. Ne sont pas vraisemblables notamment les allégations qui, sur 
des  points  essentiels,  ne  sont  pas  suffisamment  fondées,  qui  sont 
contradictoires,  qui  ne  correspondent  pas  aux  faits  ou  qui  reposent  de 
manière déterminante sur des moyens de preuve faux ou falsifiés (art. 7 
LAsi).
2.3.  Si  l'autorité  doit  être  convaincue  que  les  faits  allégués  ont  pu  se 
produire,  elle  ne  doit  pas  être  absolument  persuadée  de  leur  véracité, 
une certitude totale excluant tout doute n'étant logiquement pas possible; 
il  faut  que  le  requérant  d'asile  parvienne  à  "convaincre  le  juge  que  les 
choses se sont vraisemblablement passées comme prétendu, sans avoir 
à  démontrer  qu'elles  doivent  vraiment  s'être  passées  ainsi  parce  que 
toute  hypothèse  contraire  est  raisonnablement  à  exclure"  (cf.  WALTER 
KÄLIN, Grundriss  des Asylverfahrens, Bâle/Francfort­sur­le­Main  1990 p. 
302 et réf. cit.). Quand bien même la vraisemblance autorise l'objection et 
le  doute,  ceux­ci  doivent  toutefois  paraître  d'un  point  de  vue  objectif 
moins importants que les éléments parlant en faveur de la probabilité des 
allégations (KÄLIN, op. cit., p. 303). C'est ainsi que lors de l'examen de la 
vraisemblance des allégations de fait d'un requérant d'asile, il s'agit pour 
l'autorité  de  pondérer  les  signes  d'invraisemblance  en  dégageant  une 
impression d'ensemble et en déterminant, parmi les éléments portant sur 
des  points  essentiels  et  militant  en  faveur  ou  en  défaveur  de  cette 
vraisemblance, ceux qui l'emportent (Jurisprudence et informations de la 
Commission suisse de recours en matière d’asile [JICRA] 1993 n° 11, p. 
67ss ; KÄLIN, op. cit., p. 307 et 312).
2.4. L'asile n'est pas accordé à la personne qui n'est devenue un réfugié 
au sens de l'art. 3 LAsi qu'en quittant son Etat d'origine ou de provenance 
ou en raison de son comportement ultérieur (art. 54 LAsi).
3. 
Dans  la  mesure  où  l'ODM  a  reconnu,  dans  sa  réponse  au  recours,  la 
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qualité  de  réfugié  au  recourant  sur  la  base  du  fait  qu'il  a  quitté 
illégalement  son  pays  d'origine  et  a  déposé  une  demande  d'asile  en 
Suisse, cette question n'est plus litigieuse. Dès lors, il y a uniquement lieu 
de  déterminer  dans  le  cas  d'espèce  si  c'est  à  juste  titre  que  l'office  a 
refusé  l'octroi  de  l'asile  au  recourant,  motif  pris  que  les  allégations  de 
celui­ci  relatives  aux  événements  ayant  motivé  le  départ  de  son  pays 
d'origine ne satisfaisaient pas aux conditions de vraisemblance énoncées 
à l'art. 7 LAsi.
4. 
4.1. En  l'occurrence,  le  Tribunal  considère,  à  l'instar  de  l'ODM,  que  le 
recourant  n'a  pas  rendu  crédible  l'existence  de  poursuites  étatiques 
engagées à son encontre, antérieures à son départ du Tibet, fondées sur 
des motifs politiques, religieux ou analogues. 
4.2. Celui­ci a  tout d'abord affirmé avoir été questionné par  les autorités 
chinoises lorsqu'il avait seize ans, au monastère de C._______, au sujet 
de ses convictions  religieuses et exhorté à dénoncer  l'autorité du Dalaï­
Lama. A 19 ans, il aurait été convoqué, puis malmené, en raison de son 
refus de servir. En 2004, il aurait eu un différend avec un policier chinois 
alors qu'il circulait dépourvu de permis de conduire, sans que cet incident 
eût la moindre conséquence pour lui. En 2007, il aurait été recherché par 
la police au domicile parental suite à son refus de signer des documents 
relatifs  au  service militaire,  d'une part,  et  d'abandonner  sa  foi  envers  le 
Dalaï­Lama, d'autre part. Or, savoir si le recourant a rendu vraisemblable, 
au  sens  de  l'art.  7  LAsi,  avoir  connu  des  démêlés  avec  l'Etat  chinois 
avant  mai  2007  (époque  à  partir  de  laquelle  il  dit  avoir  été  activement 
recherché  en  tant  que  dissident  politique)  est  une  question  qui  peut 
demeurer indécise, dès lors que ceux­ci n'ont manifestement pas motivé 
son départ du pays en août ou septembre 2007. En  tout état de cause, 
s'agissant des ennuis liés au service militaire,  le recourant n'a nullement 
démontré  avoir  subi  des  préjudices  déterminants  pour  l'octroi  de  l'asile. 
En  effet,  bien  que  son  refus  de  servir,  motivé  par  ses  convictions 
religieuses,  lui  eût  valu  d'être  convoqué et malmené par  les  autorités  à 
l'âge  de  19 ans  (en  2000),  il  n'aurait  plus  été  inquiété  depuis  lors,  du 
moins  jusqu'en  2007.  A  cette  époque,  il  a  certes  prétendu  que  ses 
parents  avaient  reçu,  en  son  absence,  la  visite  de  la  police  à  leur 
domicile.  Il  a  néanmoins  reconnu  qu'il  n'avait  pas  été  formellement 
recherché par les autorités à cette occasion et qu'il s'agissait d'une simple 
mesure de surveillance,  la police ne détenant,  selon  lui,  aucune preuve 
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formelle à son encontre susceptible de justifier une convocation au poste 
(cf. pv d'audition du 30 octobre 2007, p. 11) ni a  fortiori une arrestation. 
Par  ailleurs,  s'agissant  des  pressions  qu'il  dit  avoir  subies  en  tant  que 
moine  bouddhiste,  elles  s'apparentent,  elles  aussi,  davantage  à  des 
mesures d'intimidation policières non pertinentes en matière d'asile qu'à 
de véritables actes de répression répondant à l'exigence d'intensité de la 
persécution. En effet, s'il est indéniable que les bouddhistes tibétains font 
l'objet de restrictions de la part du gouvernement chinois qui combat toute 
forme  d'autorité  ne  relevant  pas  du  Parti  communiste  ­  des millions  de 
personnes sont empêchées de pratiquer librement leur foi et des milliers 
d'entre  elles  sont  emprisonnées  et  torturées  parce  que  leurs  pratiques 
religieuses  s'écartent  des  prescriptions  étatiques  (cf.  OSAR,  Chine: 
Situation  des minorités  ethniques  et  religieuses,  Florian  Blumer,  Berne, 
28 janvier 2009) ­  l'intéressé n'a, quant à lui, aucunement démontré, par 
un faisceau d'indices concrets, qu'il avait personnellement et de manière 
ciblée été victime de sérieux préjudices au sens de l'art. 3 LAsi, ou craint 
de  l'être,  ayant  uniquement  fait  valoir  qu'il  avait  été  invité  à  dénoncer 
l'autorité de son chef spirituel et placé sous surveillance suite à son refus. 
Quant  à  l'origine  tibétaine  de  l'intéressé,  elle  ne  suffit  pas  à  démontrer 
une  crainte  objectivement  fondée  de  persécution,  étant  par  ailleurs 
précisé que les requérants d'asile chinois de l'ethnie tibétaine ne font pas 
l'objet d'une persécution collective (cf. ATAF 2009/29 précité consid. 4.4 
p. 376).
4.3. Cela étant, si  la qualité de moine de l'intéressé n'est pas contestée, 
celui­ci  n'a  pas  démontré  un  profil  politique  particulier  de  nature  à 
entraîner à son endroit des soupçons d'opposition politique. Tout d'abord, 
il  subsiste  dans  ses  déclarations  un  certain  degré  de  confusion  et 
d'imprécision  au  sujet  de  son  intérêt  pour  les  questions  politiques  en 
général, ayant déclaré tantôt n'avoir eu aucun penchant pour la politique 
durant sa formation religieuse (cf. pv d'audition du 30 octobre 2007, p. 4) 
tantôt avoir été sensibilisé par ses parents à  la cause  tibétaine  ­ du  fait 
que  certains  familiers  avaient  été,  par  le  passé,  persécutés  par  les 
autorités chinoises ­ et encouragé à se révolter contre  le régime chinois 
(ibidem p. 8). De même, il ne s'est pas montré constant quant à l'époque 
à  laquelle  il  aurait  débuté  son  action  politique,  puisqu'il  aurait  collé  des 
tracts  réclamant  l'indépendance  du  Tibet  et  dénonçant  l'occupation 
chinoise à partir de 19 ans (cf. pv d'audition du 11 septembre 2007, p. 4) 
ou  de  21  ans  (cf.  pv  d'audition  du  30  octobre  2007,  p.  7),  selon  les 
versions. S'agissant de  l'activité politique proprement dite,  il  n'a apporté 
aucune explication  circonstanciée  et  précise  sur  sa  fonction  de  chef  de 
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groupe  ou  sur  la  manière  dont  il  aurait  opéré  avec  ses  camarades 
moines, en particulier au cours de l'année 2007, s'étant borné à indiquer 
avoir  pris  part,  globalement,  à  25  expéditions  de  collage  à  différents 
endroits et avoir collé de deux à quatre tracts par année (cf. pv d'audition 
du 30 octobre 2007, p. 8 in fine et p. 9). Il n'a pas été en mesure non plus 
de  fournir  la  moindre  information  substantielle  relative  aux mesures  de 
sécurité qu'il aurait prises dans le cadre de son activité subversive, ayant 
uniquement  fait  valoir  qu'il  oeuvrait  de  nuit  en  choisissant  l'endroit  où 
placarder les affiches en fonction du "risque d'être découvert par la police 
chinoise" (ibidem p. 8). 
Ensuite, concernant l'arrestation et l'incarcération de ses deux camarades 
moines qui l'auraient dénoncé sous la torture, il apparaît douteux, comme 
l'a  indiqué  à  bon  droit  l'autorité  inférieure,  que  l'intéressé  ait  pu  être 
informé  du  sort  qui  leur  aurait  été  réservé  en  prison.  Vu  la  dureté  des 
conditions de détention des prisonniers  politiques en Chine,  il  paraît  en 
effet peu probable que les proches de ses amis aient été autorisés à leur 
rendre visite en prison et, de surcroît, à leur parler librement. L'explication 
avancée au stade du recours, consistant à dire que les "agents de police" 
qui  surveillaient  l'entretien  étaient  des  Chinois  sans  connaissance  du 
dialecte tibétain, n'est nullement convaincante et paraît invoquée pour les 
seuls besoins de la cause. L'intéressé a expliqué également avoir appris 
l'arrestation de ses camarades ­ intervenue en mars et avril 2007 ­ par le 
biais du frère d'un de ces derniers,  lequel aurait été présent au moment 
de l'interpellation du mois d'avril et l'en aurait informé immédiatement (cf. 
mémoire de recours, p. 2 in fine). Ces allégués ne sauraient toutefois être 
le  reflet  de  la  réalité  dès  lors  qu'ils  sont  en  contradiction  avec  ses 
précédentes déclarations, selon lesquelles il aurait appris l'arrestation de 
ses amis ainsi que l'existence de recherches à son encontre uniquement 
le 15 mai 2007 (cf. pv d'audition du 30 octobre 2007, p. 10). 
En  outre,  ses  propos  relatifs  aux  avis  de  recherche  qui  auraient  été 
placardés dans différentes localités à partir du 15 mai 2007, approximatifs 
et  lacunaires, ne font qu'amoindrir  la crédibilité du récit. Ainsi,  il apparaît 
évident, dans l'hypothèse où l'intéressé aurait véritablement été dénoncé 
par ses amis, qu'il aurait pour le moins été recherché par les autorités au 
domicile familial, où celles­ci s'étaient du reste déjà présentées au cours 
de l'année 2007 (ibidem, p. 11). Par ailleurs, l'intéressé n'a fourni aucune 
explication  convaincante  permettant  de  comprendre  comment  les 
autorités  chinoises  auraient  pu placarder  des avis  de  recherche portant 
sa  photographie.  En  effet,  quand  bien même  aurait­il  été  très  lié  à  ses 
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amis moines, ses déclarations selon lesquelles ceux­ci auraient gardé sur 
eux une photographie de l'intéressé durant leurs expéditions ne sont pas 
crédibles,  compte  tenu  de  la  nature  secrète  de  leur  activité,  toute 
revendication  autonomiste  ou  indépendantiste  étant  notoirement 
sévèrement réprimée.
Enfin, les renseignements relatifs à ses deux camarades arrêtés (cf. let. F 
supra) n'ont pas été corroborés par la production de documents émanant 
notamment d'organisations de défense des droits humains. 
4.4.  Tous  ces  éléments  permettent  de  conclure  à  l'absence  de 
vraisemblance du récit de l'intéressé.
5. 
Il s’ensuit que le recours, en tant qu’il conteste le refus de l’asile, doit être 
rejeté.
6. 
Lorsqu’il  rejette  la demande d’asile ou qu’il  refuse d’entrer en matière à 
ce  sujet,  l’ODM prononce,  en  règle générale,  le  renvoi  de Suisse et  en 
ordonne  l’exécution ;  il  tient  compte  du  principe  de  l’unité  de  la  famille 
(art.  44  al.  1  LAsi).  Le  renvoi  ne  peut  être  prononcé,  selon  l’art.  32  de 
l’ordonnance 1 du 11 août 1999 sur l’asile relative à la procédure (OA 1, 
RS 142.311),  lorsque  le  recourant  d’asile  dispose  d’une  autorisation  de 
séjour  ou  d’établissement  valable,  ou  qu’il  fait  l’objet  d’une  décision 
d’extradition ou d’une décision de renvoi conformément à  l’art. 121 al. 2 
de la Constitution fédérale du 18 avril 1999 (Cst., RS 101).
7. 
Aucune  exception  à  la  règle  générale  du  renvoi,  dans  son  principe, 
n'étant  en  l'occurrence  réalisée,  le  Tribunal  est  tenu,  de  par  la  loi,  de 
confirmer cette mesure.
8. 
Quant  à  l'exécution  du  renvoi,  le  Tribunal  n'a  pas  à  examiner  cette 
question  dès  lors  que  l'ODM  a  prononcé  l'admission  provisoire  du 
recourant en date du 23 septembre 2008.
9. 
La  demande  d'assistance  judiciaire  partielle  ayant  été  admise  par 
décision incidente du 26 novembre 2008, il est statué sans frais. 
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10. 
Le  recourant,  qui  a  obtenu  gain  de  cause  sur  une  partie  de  ses 
conclusions,  peut prétendre à  l'allocation de dépens aux conditions des 
art. 64 al. 1 PA et 7 al. 2 du règlement du 21 février 2008 concernant les 
frais,  dépens  et  indemnités  fixés  par  le  Tribunal  administratif  fédéral 
(FITAF,  RS  173.320.2).  En  l'absence  de  décompte  de  prestations,  le 
montant de ceux­ci est arrêté, ex aequo et bono, à Fr. 600.­.
(dispositif page suivante)
 
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Par ces motifs, le Tribunal administratif fédéral prononce :
1. 
Le recours, en tant qu'il porte sur l'octroi de l'asile, est rejeté.
2. 
Le  recours,  en  tant  qu'il  porte  sur  la  reconnaissance  de  la  qualité  de 
réfugié, est sans objet.
3. 
Il n'est pas perçu de frais de procédure.
4. 
L'ODM versera un montant de Fr. 600.­ au recourant à titre de dépens.
5. 
Le présent arrêt est adressé au mandataire du  recourant,  à  l’ODM et à 
l’autorité cantonale compétente.
Le président du collège : La greffière :
Gérard Scherrer Germana Barone Brogna
Expédition :